CR complet de l'Ironman de Zurich

Publié le par benji-triathlon

On y est enfin : l’Ironman de Zurich, le gros objectif de la saison.

Bon, inutile de faire durer le suspens, course très réussie, et CR à rallonge en conséquence...

 

les résultats ici

 

La course (presque) parfaite !

 

PRE-COURSE

 

Les jours/semaines avant la course, je suis en pleine confiance : les entrainements à pied ont l’air de montrer que je pourrai courir vite et longtemps. En natation, les compétitions de début d’année m’ont montré que j’ai encore fait de gros progrès, je ne comprends toujours pas bien comment, mais je prends.

C’est en vélo où j’avais le plus de doute, mais le dernier mois avant l’Ironman m’a permis de me rassurer, je pourrai faire 180km sans problème. J’ai pas mal de nouvel équipment cette année : une roue pleine Zipp, une roue avant Foglia à boyaux avec jante large, un nouveau cintre, une nouvelle trifonction, un nouveau casque. J’espère que tout cela me permettra de gagner en aérodynamique et d’aller plus vite à iso-puissance. En plus, je me suis épilé les jambes et les bras, suite à une étude de Specialized en soufflerie qui disait que les gains en aéro étaient loin d’être négligeables. Jusqu’à présent, je ne l’avais jamais fait, en partie parce que je pensais que cela ne servait à rien, en partie parce que Nicky ne voulait pas. Mais Nicky a cédé devant mon insistance et quand je lui ai promis que ce serait la seule fois que je le ferai.

Je n’ai vraiment qu’une crainte pour cet IM, c’est l’incident mécanique en vélo, et j’avais pris mes précautions : liquide préventif dans les boyaux, boyau de rechange, et bombe de réparation. Ainsi qu’un multi-outil « just in case ». Mais à part ça, je ne me faisais pas trop de souci sur la course elle-même. J’espérais craquer le plus tard possible en CAP…

 

On avait décidé avec Nicky d’arriver un peu en avance à Zurich pour pouvoir bien se reposer. On a réussi à trouver un logement pas trop cher dans la banlieue, à 10-15km du départ, avec petite cuisine intégrée qui nous permettra de faire notre tambouille et ne pas avoir à aller au resto tous les jours. Problème : il est à 1km de l’aéroport… Heureusement, c’est relativement bien isolé, et avec les boules quiès, on a dormi comme des bébés les 3 jours.

On arrive le jeudi en début d’aprem, juste à temps pour la fin d’étape du Tour de France. On fait quelques courses, on se promène un peu, je remonte mon vélo et fait un petit test, on est tranquille quoi.

 

Après une bonne nuit, le vendredi est consacré au retrait des dossards et à un peu de natation. Il fait trop beau, on se pose sur la plage et on nage le matin. On retrouve Vivien par hasard au briefing (inutile…) et on passe une partie de l’après-midi avec lui, à discuter (triathlon bien sur), à nager un peu, à bronzer. Le soir, la pasta party, ca casse pas trois pattes à un canard. Moi j’y vais car mon entrée est comprise dans le prix de l’inscription, mais Nicky m’attend dehors. 17 euros pour un plat de pâtes, on ne renie pas nos origines écossaises/auvergnates… Heureusement, on arrive à sortir avec nos plats de pates, en esquivant habilement un pauvre bénévole complètement dépassé par les événements et on peut manger en compagnie de Nicky.

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Petite pensée pour ceux de l’année dernière qui ont dû nager sans combinaison…

 

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Avec Vivien le vendredi, la fleur au fusil !

 

 

La réalité de la météo nous rattrape le samedi : ils annoncent pluie toute la journée à partir de midi environ. Moi je dois faire une heure de vélo, c’est le « déblocage » classique de la veille de la course. On part en voiture à Zurich, je dépose Nicky qui part visiter un peu Zurich pendant que je vais rouler un peu. Je ne m’éloigne pas trop de la voiture car si ça commence à tomber, je prévois de me rentrer direct. Finalement je ferai un petit 45 minutes sous une fine bruine, avant qu’il ne pleuve vraiment. Je me sens bien, les jambes ne tournent pas toutes seules, mais je sens que je sors la puissance cible IM sans trop forcer, c’est bon signe !

Je pars ensuite essayer de repérer un peu le parcours vélo, mais comme j’ai une mémoire de moineau, ça ne me servira pas à grand chose… Les bosses ne m’ont pas l’air si terribles, et en voiture, les descentes sont faciles…

Je regarde tranquillement le CLM du Tour de France en attendant d’aller déposer mon vélo. En arrivant à la dépose vélo, c’est n’importe quoi, il y a une ligne de quasi 1km, 1h à attendre ! Hors de question que je piétine pendant 1h la veille de l’IM, il y a rien de pire pour se flinguer les jambes. Donc on s’installe sur une chaise en attendant que la queue diminue. On attend presque 1h, assis, à discuter, mais c’est quand même bien chiant, donc au bout d’un moment on y va quand même. L’attente dans la queue durera 25minutes environ, un moindre mal, mais je suis pas mal en colère contre la qualité de l’orga. 3000 athlètes à faire rentrer en 4h, c’est sûr que ça va pas rentrer sur une seule file d’attente… Du coup, je vais juste poser mon vélo, et comme il pleut, mettre une bâche en plastique par-dessus, fourni par l’orga. Là aussi c’est la cohue : les bâches il n’y en a pas pour tout le monde, et l’instinct primaire de certains ressortent pour se battre pour les bâches. Je me dirige vers un carton où il en reste encore une dizaine, je m’avance prudemment et je mets la main sur le dernier quand un autre l’agrippe aussi. Je lève les yeux en souriant pour faire style « ah ben on est emmerdé maintenant, comment on va résoudre cela » mais l’autre a un style plus direct, il tire violemment le sac vers lui et se barre, sans un mot, sans un regard. Ah d’accord, c’est ça l’esprit de la grande famille du triathlon ! Bon, j’attends que le prochain carton arrive, et là un triathlète sympa en prend 2 et donne le deuxième au premier triathlète qu’il aperçoit, moi en l’occurrence.

Je m’étais aperçu dans la ligne qu’un de mes freins était mal réglé, et j’avais encore quelques minis réglages à faire, mais je décide de le faire le lendemain ; il est tard, il est l’heure de rentrer !

 

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Les précieux sacs jaune, objets de tant de fantasmes triathlétiques…

 

 

La soirée, je mets enfin en ligne sur le blog un petit preview de la course, je regarde une dernière fois les news sur la course, je me remémore mes consignes de course pour le lendemain, et dodo à 22h. J’arrive à bien dormir jusqu’à 2h30, mais après ça ne passe plus.

 

LE JOUR J...

 

Réveil pour de bon à 4h. Pour la première fois avant un IM, je ne prendrai pas des pâtes, mais mon petit dej Weetabix + Clusters + lait de soja traditionnel.

 

J’arrive en avance au parc, et je laisse Nicky garer la voiture… Oui je sais pas c’est pas joli joli. D’ailleurs, ça me faisait un peu bizarre, généralement on fait souvent les courses ensemble, et là ça faisait un peu boniche pour Nicky de s’occuper des petites choses pendant que je me préparais pour la course !

Malheureusement, je ne la reverrai pas avant le départ.

Dans le parc à vélo, encore une énorme blague de l’orga, que j’avais vu venir la veille, il y a environ 10 toilettes pour 2000 triathlètes qui ont tous le bid en vrac le matin de la course.

 

Ça ne peut pas marcher, et les queues font des dizaines de mètres. Moi j’y vais dès que j’arrive, et comme il fait encore nuit, personne n’y est encore. J’y vais une 2ème fois après avoir tout préparé, là je dois attendre 10 minutes, mais comparé à ceux ayant décidé d’y aller 20 min plus tard, je m’en sors très bien !

Petit exo de maths appliquées : si sur 2000 triathlètes, ne serait-ce que la moitié doivent utiliser les toilettes, et que l’on compte 2min par utilisation, combien de temps faut-il pour que tout le monde passe, avec 10 toilettes.

Réponse : 2000/2/10*2=200 minutes soit 3h20.

Je ne sais pas combien coute la location de toilettes portables à Zurich, mais apparemment trop pour espérer faire une bonne marge financière sur la course !

C’est encore moins joli, mais j’en ai même vu faire leur (gros) besoin sous un arbre à côté des toilettes, dans le parc à vélo, qui normalement est un parc tout court. Pas glop…

 

Je me dirige vers le départ, je suis serein. J’ai vu Vivien dans le parc à vélos. Il fait partie des 3-4 français dans mon groupe d’âges que je considère ayant un potentiel meilleur que le mien. Les autres sont Fred, qui sort d’une énorme course à l’IM Nice, un ancien cycliste pro du Team Argon, et un gars du Team Mermillod. Vivien n’est pas très confiant, ces dernières semaines/mois ne se sont pas passées comme il l’espérait, et il se présente sur la course sans trop de repères. Mais moi je sais que sur ses qualités « pures », il peut faire une belle course.

Jusqu’à une ou 2 semaines avant la course, je visais très haut au classement : un top 30 au général et un top 5 voire un podium dans ma catégorie d’âge. Mais en regardant la start-list, je me suis dit que je rêvais sans doute un peu trop, et je me suis recentré sur mes performances à moi ; car je ne peux pas contrôler celles des autres, et un podium groupe d’âges paraissait impossible. Mon autre objectif est d’arriver moins de 1 heure après le gagnant. A Roth j’avais 1h30 de retard et en AfSud 1h20 environ, mais j’espère y arriver cette fois-ci. Enfin, le dernier objectif est d’essayer d’arriver devant la première féminine…

 

Au départ, je ne vois plus personne, je m’échauffe en faisant tourner les bras, en essayant de me préparer à l’effort qui m’attend pour ne pas être asphyxié au départ et pouvoir bien embrayer dès le départ. Il y aura 3 vagues : une vague de pro, 5 minutes plus tard une première vague d’amateurs (à priori les meilleurs nageurs) puis encore 5 minutes plus tard la 2ème vague d’amateurs.

 

NATATION :

Mes progrès en natation me faisaient espérer une nata en 57min. Une semaine avant la course, coach Nick me donnait les instructions à suivre, et m’annonçait un objectif de 59 minutes pour la natation. Je trouvais l’objectif peu ambitieux, mais je sais que ce n’est en natation que ça se joue, je ravale ma fierté, et je me dis que je devais me voir trop beau. Je coupe la poire en 2 et espère 58 minutes. Mais le plus important, c’est de ne pas se « cramer ». Le but est de partir pas trop fort, mais après de ne rien lâcher et de ne laisser personne accélérer sans rester dans ses pieds ! J’avais prévu une nage en 2 temps sur les premières centaines de mètres, puis de passer en 3 temps le reste du temps.

 

2014-07-27-IM Zurich 04Avec un rayon de soleil, ca aurait été magnifique. Là c'est juste hyper joli !

 

La natation se passe dans le lac de Zurich, assez clair (quand il fait beau…). Ah oui, car je n’ai pas parlé de la météo ! Il a plu toute la nuit, mais à 5h du mat ça s’arrête. Les sites météo annoncent quand même un peu de pluie le matin. Mais pour l’instant, ça tient.

La plage de départ est très large, c’est très appréciable, et le départ n’est pas trop difficile. Je pars tout à droite (sans doute un peu plus de distance mais plus tranquille) et je ne prends quasi aucun coup. Assez vite, j’ai un couloir de nage pas trop dégueu. La première bouée est assez loin, et heureusement c’est déjà assez décanté en arrivant. Je ne vois rien devant, je me contente de suivre les athlètes devant. J’arrive à prendre la corde de la bouée sans trop de problème en accélérant un peu à l’approche de la bouée.

Le parcours se compose de 2 boucles avec une sortie à l’australienne sur une mini-ile de 20mètres de long et passage sous un pont. C’est très sympa. Vers la moitié de la première boucle, je me dis que je suis peut être parti un peu vite, je trouve le temps long, mais j’essaye de rester dans les pieds. Le lac est pas mal chahuté, il y a des vaguelettes, mais ça me gêne pas trop. Je m’applique à bien nager. Je suis sans doute plus en glisse que ce que je devrais être, mais je ne me sens pas de faire le moulin avec les bras, donc je reste comme cela.

A la sortie à l’australienne, je trottine tranquillement, je suis à l’intérieur d’un paquet assez dense, ça ne sert à rien de courir vite pour bien se placer, je trouverai des pieds de toutes façons.

 

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fin de la 1ère boucle, passage sous le pont avec les encouragements de la foule


C’est reparti pour une boucle, un peu plus longue que la 1ère car on prend une diagonale pour aller chercher la première bouée. Finalement je reste sur du 2 temps où je me sens bien, mais je prends bien soin de bien expirer (consignes du coach !). Le paquet doit perdre de ses éléments petit à petit car on commence à nager à la queue leu leu, et de moins en moins en paquet. Je respire côté droit, et je sens qu’un gars me racle le torse sur le côté gauche. Une fois, 2 fois, trois fois ! C’est pas possible, il fait exprès ! Je fais quelques mouvements de water-polo et regarde à gauche : et là je vois Vivien avec un grand sourire qui se paye le luxe de me faire un signe de la main ! Trop bien, je nage avec lui en fait ! Je l’avais rattrapé un peu plus tôt et avais commencé à le doubler pour essayer de chopper les pieds du gars devant, mais je m’étais pas rendu compte que c’était lui. Il a un bonnet jaune et je peux le reconnaître facilement maintenant.

Soit je faiblis, soit lui durcit le ton, mais je me range derrière lui, et lutte un moment pour ne pas lâcher. Je pense aux instructions de Nick : « Personne ne te lâche ! ». Pas même Vivien ! Bon, il m’avait prévenu qu’il n’était pas au top en natation, mais je suis tout de même très content de nager comme lui.

Je lui gratte pas mal les pieds, et j’essaye de m’appliquer pour ne pas trop le gêner, mais le rythme est un peu en accordéon : on rattrape des gars sur leur premier tour, et c’est pas facile de gérer. Sur la dernière ligne droite, j’ai l’impression que la pluie tombe, les vagues sont un peu plus fortes. Vivien se « relève » 2 fois, je pense qu’il a du se « manger » 2 gars sur leur premier tour. Sur les 300-400 derniers mètres, j’essaye de passer un relais et nage sans me soucier de Vivien. J’espère qu’il profite de mon aspiration mais je ne sais pas où il est.

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Nicky, capable de repérer une aiguille dans une botte de foin à 100m, arrive à me « spotter » (parmi plus de 2000 athlètes) en natation et sort une super photo !

Attention, il existe un piège sur cette photo. Malgré la ligne d'eau, je ne suis pas dans une piscine !

 

On aperçoit enfin la sortie de l’eau et je suis content d’en finir, ça m’a paru bien long ! Je n’ai pas de montre et n’aperçoit pas le temps officiel. De toutes façons, je m’en fous, on verra bien à la fin. Je me dis que j’ai dû tenir mon objectif de 58min, voire 57min, car j’ai l’impression d’avoir nagé vite. Nicky m’apprendra quelques minutes après l’arrivée que j’ai nagé en 1h00m17s. Ma première réaction était de la déception, mais apparemment, tout le monde a nagé assez lentement, et il est probable qu’il y avait un peu plus de distance que 3800m. Une analyse de coach Nick, en particulier en regardant les temps des pros par rapport à leurs temps habituel, lui fait penser qu’il y avait sans doute 4100m, donc 300m de plus. Les meilleurs pros ont nagé en 51 minutes. Ce qui veut dire que j’ai nagé à peine 9 minutes moins rapide qu’eux. Pour moi c’est à peine croyable. En 2012 à Roth, je concédais 12m30 sur le 1er. En 2013 en Afrique du Sud, c’est 11m30 que je perdais. Et là juste 9 minutes ! Alors il faut faire attention, la start-list n’est peut-être pas aussi forte, je ne suis pas assez connaisseur des pros pour connaître bien leurs niveaux.

Si l’estimation de Nick est correcte, ça me ferait un temps sur 3800m de 55m50 ! Il y a 3 ans, je me disais que moins d’une heure sur 3800m était déjà exceptionnel, alors vous imaginez comme je suis content d’avoir fait cette belle natation !

 

2014-07-27-IM Zurich 08enfin la sortie de l'eau !

 

Quoi qu’il en soit, je sors 80ème sur 2655 inscrits (environ 2200 arrivants), mais déjà 17ème de caté !

Je ne vois pas Vivien, mais il est sorti une seconde devant moi.

Ma transition est très moyenne, je prends le temps de boire un coup et de manger un gel que j’avais mis dans le sac de transition, et de fixer les chaussures car il y a pas mal de boue. Je croise Vivien quand je rentre dans le parc, lui est en train d’en sortir avec son vélo. Il m’a pris 1m17 sur la transition !

 

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Benji, tranquilou lors de la transition. Notez le nombre de vélos encore présents :-)

 

VELO

 

Le parcours en vélo est très varié, il s’agit de 2 tours de 90km, décomposé comme suit :

-          30km de plat autour du lac

-          Une petite montée de 2km à 3-4% suivi de 20km légèrement valloné

-          The Beast : une montée de 2,5 km à 6,5% de moyenne

-          Après une descente roulante, la montée/faux plat de Relax Station : 5km à 2,5-3% environ

-          Une descente très rapide

-          11km le long du lac

-          Heartbreak hill : 1km environ à 8%, avec plein de spectateurs

-          La descente et 3-4km pour finir le tour

Donc un parcours bien variée, avec de belles vues que je n’ai pas apprécié car j’étais concentré sur mon effort…

Pour ne pas me cramer dans les montées, mais pouvoir envoyer sur le plat et les descentes, j’avais un développement de 39*53 devant, 11*28 derrière ! J’avais également mis la roue pleine, comme ils n’annonçaient pas trop de vent, et qu’il y avait quand même beaucoup de plat. Ma roue pleine est également très légère, ce qui me pénalisait pas trop dans les montées.

 

Pour cette partie de la course, je partais un peu dans l’inconnu. J’espérais tenir une moyenne proche de 40km/h sur le plat, où j’avais des consignes de puissance à tenir (215 pour les curieux !). Et sur les montées, pas de consignes particulières, mais surtout ne pas se mettre dans le jour, mais les monter quand même rapidement. J’avais mis une alerte à ma Garmin à 300W. Si j’appuyais trop fort, elle bippait pour me rappeler à l’ordre !

J’avais du mal à me donner un objectif de temps, mais j’espérais un chrono autour de 5h05. Il y avait des pancartes tous les 10km. Du coup, je jetais un petit coup d’œil à ma montre en passant, je devais passer en 17min à chaque 10km. 17min*18=5h06, CQFD.

Pour manger, j’avais rempli mon « frigo » de 63 petits bonbons énergétiques (Gum Powerbar), que j’avalais par 2 toutes les 10 minutes. Ca devait me faire pour 5h15, un peu de marge au cas où !

 

Je pars donc sur un bon rythme, en position aéro, mais rapidement les choses ne se passent pas comme prévu.

Déjà je ne me sens pas aussi « facile » que ce que j’espérais. En regardant mon fichier Garmin ensuite, je vois que je commence le vélo à 160bpm, c’est bien trop haut ! Il est possible que je me sois finalement un peu grillé en natation. Mais le cœur redescend petit à petit. Il met quand même 45min pour descendre vers 140bpm, ce qui est déjà un peu plus haut que ce que j’espérais. Cette sensation de jambes pas terribles passera après une petite heure.

Dès le premier virage, je le prends trop rapide et pour éviter la chute, je passe de l’autre côté des cônes ! j’en suis quitte pour une petite frayeur mais ça me reconcentre direct… Ça aurait été dans le 2ème tour ça aurait été plus problématique car je me retrouvais sur la voie réservé aux vélos qui finissaient le tour. Mais là heureusement il n’y avait encore personne.

Pour le reste, c’est difficile de rester dans son rythme et de faire sa course, car il y a beaucoup de participants, et beaucoup ne respectent pas vraiment les consignes en terme de drafting.

 

                             2014-07-27-IM Zurich 152014-07-27-IM Zurich 16

bien concentré sur le vélo. La tête pourrait être un peu plus basse...

 

[début du petit apparté sur le drafting]

Les règles sont les suivantes :

On doit se tenir à 10m du concurrent nous précédant (roue arrière du gars devant à roue avant du gars derrière). Quand on double, on a 30 secondes pour le faire. Quand notre roue avant passe la roue avant du concurrent doublé, on peut se rabattre. Avant, il faut respecter une distance latérale de 2m. Ensuite le concurrent doublé est obligé de sortir de la zone de drafting (10m donc) avant de pouvoir retenter un dépassement. Il a 30 secondes pour le faire. Quand on commence une manœuvre de dépassement, on est obligé de la finir. On ne peut pas se rapprocher à 5m, décider que finalement c’est trop difficile de dépasser et se remettre à 10m.

Voilà, ça c’est les règles.

Si ces règles sont respectées, on doit se retrouver avec de longues files de cyclistes les uns derrière les autres à 10m.

Un corollaire de cette règle est que si tu suis un cycliste à 10 mètres et qu’un autre te double, il est obligé de doubler aussi celui de devant. En effet, à partir du moment où il te double et que toi tu es à 10 mètres, lui rentre dans la zone de drafting du gars devant et doit donc le doubler aussi. Et ainsi de suite pour toute la file de vélo.

 

C’est assez long, 10m. Pas facile de savoir exactement à combien on est, mais en général entre 1m et 10m les gens sont capables de faire la différence…

Hors là, certains avaient du mal à respecter les règles. Je conçois que quand il y a beaucoup de monde, c’est difficile de respecter les règles à la lettre. Moi-même, c’est clair que j’aurai pu me faire cartonner plusieurs fois si on appliquait strictement les règles (en particulier de devoir laisser 2m de coté quand on double).

Par contre le drafting caractérisé n’est pas une fatalité. Quand tu te fais doubler par une vingtaine de personnes à environ 3-4m les uns des autres, ca fout les boules, surtout que tu es obligé de de « relever » pour les laisser tous passé, vu que c’est ta responsabilité de sortir de la zone de drafting. Une fois que tu es derrière, tu te remets en position, et souvent tu te rends compte que tu reviens sur le groupe. Soit que le gars devant en a marre de rouler pour tout le monde et il ralentit, soit que les 20 athlètes devant créent une aspiration qui t’aident aussi, même si tu restes à 10m.

Quoi qu’il en soit, c’est très difficile de faire un effort solitaire, de se caler à une allure, et de s’y tenir, tel que l’on devrait le faire sur IM pour bien réussir. Plusieurs fois je me suis retrouvé « bloqué » par un groupe après qu’ils m’aient passés. Plusieurs fois j’ai fait l’effort pour les redoubler tous en une fois et me remettre à mon allure, pour me faire repasser par le même groupe quelques minutes plus loin. Au final, la bonne tactique est de les laisser filer et de se remettre 50m derrière dans sa bulle, mais ensuite un autre groupe revient sur toi et ainsi de suite. C’est très frustrant et pour la première fois sur une course je me suis énervé. Je me faisais doubler par un groupe, j’étais relevé, à attendre qu’ils passent, quand une moto avec arbitre me passe. Je lui fais comprendre ma frustration par un mouvement de la main, et il a l’air de me dire « t’inquiète, on s’en occupe », je les vois discuter avec les gars devant mais je ne vois pas de carton…

Une autre fois, je suis en train de doubler un groupe, et j’ai un peu présumé de mes forces, je suis obligé de faire un gros effort, que je coupe lorsque je passe le 1er du groupe pour me remettre à mon allure. Plutôt que de suivre les règles et de se mettre 10m derrière (pour ensuite me redoubler par la gauche s’il le souhaite), lui me repasse par la droite comme si de rien n’était, et je me retrouve comme un con !

Le pire, c’est que dans l’ensemble, moi aussi j’ai profité de tous ces passages de groupe, j’ai profité de l’aspiration par intermittence quand ils te passent et quand tu es derrière pas trop loin. Ca gâche un peu la course, mais surtout tu changes de rythme constamment.

 

Bon, voilà pour le drafting. Je ne suis pas habitué à me plaindre sur ce problème (assez de blogs le font) mais cette fois-ci cela m’a vraiment gêné, et je ne peux pas m’empêcher d’émettre des doutes quant à la performance des triathlètes : untel ou untel a-t-il drafté ? Avec autant de monde qui n’avait pas l’air de faire l’effort de suivre la règle, c’est bien naturel de se poser la question. J’ai l’impression que de plus en plus la mentalité en terme de drafting c’est « pas vu pas pris ». On sait qu’on n’a pas le droit, mais on considère cela comme un « risque » à prendre avec la conséquence d’un carton à la clé. Mais il n’y a pas (ou moins) d’auto-régulation que l’on pourrait espérer des coureurs (« si je drafte, mon résultat ne vaut rien »)

En fait, je pense que je n’ai quasiment jamais été doublé par un triathlète seul de toute la course (sauf en descente). Il y avait toujours un petit groupe…

[fin du petit apparté sur le drafting]

 

Retour sur la course :

Les km défilent assez vite, j’avale les 30 premiers km à 39km/h, je suis en avance sur mon plan de marche d’environ 5min, mais je sais que je vais consommer cette avance sur les 40 prochains km.

J’aborde les premières montées avec plaisir, car cela fait exploser les groupes et on se soucie moins du drafting (le drafting est autorisé sur les fortes pentes).

J’aperçois quand même quelques filles PRO qui se sont accrochés aux paquets sans aucune honte et qui maintenant se battent pour ne pas être lâchées quand ma pente s’élève. Je repère en particulier une japonaise qui n’a pas l’air de s’embêter avec ces règles. Ça m’énerve et je retiens son numéro (63) pour pouvoir voir si elle finit la course dans les primes. Heureusement non.

Le parcours est agréable, et ça change de la position aéro constante. Il pleut un peu mais ça me gêne pas. Je suis en trifonction mais je n’ai pas froid. C’est limite quand même. J’ai hâte qu’on arrive à The Beast ! Je perds un peu de temps sur les quelques descentes et virages serrés, mais ce n’est pas bien grave. Je suis bien, j’essaye de profiter.

Enfin The Beast, et je monte à mon rythme, comme demandé, rapide, mais sous contrôle. Du coup, je ne rattrape pas beaucoup de monde. Seulement les plus « lourds ». Je monte quand même à un bon rythme, plus de 1000m de D+/h en moyenne. Ça correspond, il paraît, au rythme d’ascension du Grupetto dans le tour de France. Oui, c’est ça, les gars qui ne « savent pas grimper », les grosses cuisses. 1000m de D+ par heure, ça fait quand même du 20km/h sur une pente à 5%, faut pas chômer !

 

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Dans "the Beast", montée sans se cramer !

 

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Et d'ailleurs on en profite pour se ravitailler


Je suis encore frais pour bien appuyer dans la descente et surtout sur le faux plat de Relax Station où j’en vois déjà qui commencent à payer leur effort ! Moi je suis en position aéro, et je roule ! C’est trop agréable, je me sens fort, je double, je suis bien !

La prochaine partie est la partie que je redoute le plus, la descente sur les routes mouillées. Les premiers km sont assez roulants, ça va, mais la dernière partie est très pentue puis avec des courbes pas évidentes pour moi. Sur le grosse descente, je me fais assez peur car j’ai l’impression que le vélo vibre bien quand je frein ! Je mets un peu de temps à comprendre qu’il vaut mieux ne pas freiner trop fort de l’avant… J’arrive quand même en bas et je peux me remettre en position CLM et me reconcentrer. Malheureusement, je roule avec 2-3 autres gars du même niveau, et une nouvelle fois, le problème du drafting se fait ressentir. Cette fois-ci, j’ai appris, et je n’essaye pas de les doubler, je reste sagement derrière et je prends mon mal en patience, j’espère que la dernière bosse me permettra de prendre un peu d’avance et de rouler tranquille après.

A un moment, je les double quand même car ça commençait à ralentir, et je me rends compte que c’est Vivien devant. J’arrive à sa hauteur et je lui dis : « purée, ça m’a pris 80km pour te reprendre ! ». Il m’annonce qu’il s’est fait cartonner. Je hausse les épaules, je sais pas quoi dire. Je lui dis « c’est pas fini », même si je me dis que 6 minutes, ça va être dur à reprendre ! en tout cas, je ne pensais pas qu’il serait si fort en vélo ! Il s’arrête à la prochaine penalty box quelques km plus loin. Il abandonnera malheureusement après 10km de CAP, pour se reconcentrer sur son prochain objectif.


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   Les Hop Hop Hop sont les mêmes qu’à Roth, mais les cloches de vache sont plus grandes en Suisse !


On entame donc Heartbreak Hill, et c’est vrai que c’est assez pentu, mais moins que ce que je pensais, en 39*28, ça passe nickel (d’ailleurs j’avais passé le 28 dans The Beast aussi !). Il y a pas mal de supporters au début et on avait annoncé une grosse foule. Je suis un peu déçu, autant par la cote que par les supporters. Mais là arrive un virage à droite et je comprends que la foule est devant Ce n’est pas autant la folie qu’à Roth, mais c’est cool quand même. Je n’ai pas autant d’émotion qu’à Roth, mais sur la dernière partie, je ne peux m’empêcher de sourire.

 

 2014-07-27-IM Zurich 19
« Heartbreak Hill », les specateurs sont nombreux, attention à ne pas s’enflammer…

 

2014-07-27-IM Zurich 20… et de profiter du spectacle et du moment ! 

 

J’aperçois également pas mal de grands « Ben » marquées sur la route à la craie. Je pense que c’est Nicky qui a fait cela, et j’ai un petit coup d’émotion qui monte. Bizarrement, je relativise d’un coup la course, je me dis que l’important, c’est Nicky, et cette course, finalement, n’a aucune importance. Non pas que j’ai pensé abandonné ou appuyer moins fort, mais juste que même si je ne réussis pas ce que je veux faire, ce n’est pas grave. Cela m’aidera aussi à prendre moins de risques sur les descentes. Ironie, ce n’est pas elle qui a marqué les « Ben » et ils ne m’étaient donc pas destinés !

 

Sur la fin de la 1ère boucle, j’aperçois un bus sur le parcours. Je me dis « c’est pas possible, ils ont pas permis aux bus de circuler sur le parcours quand même ! » Et bien si, ils l’ont fait ! Heureusement, au prochain arrêt, il y a la place pour que je le double. C’est un point négatif de la course à Zurich : le parcours vélo n’est pas fermé à la circulation sur une bonne partie du parcours. Avec plus de 2000 participants, ça peut être chaud par moments la cohabitation cycliste/voiture/bus…

 

Je boucle le 1er tour en 2h31, avec 2 minutes d’avance sur mon timing donc, à environ 35,2 km/h (88,5 km au compteur) et environ 720m de D+/D- au compteur. Je suis content de ce 1er tour, et je n’ai pas l’impression d’être trop entamé.

 

Sur le 2ème tour, je suis repris, encore une fois, par un grand groupe. Je reste à distance respectable, et je m’aperçois que le gars en dernière position du groupe (à part moi) est un PRO espagnol. Je me demande ce qu’il fait là, mais il a l’air de la jouer réglo, à 10m du gars devant (c’est d’ailleurs un des seuls du groupe à vraiment respecter 10m…). Moi je suis également à 10m derrière, je suis à peu près dans ma cible de puissance, ça passe. Petit à petit, on décroche du groupe devant. Puis je sens que l’espagnol est en train de coincer donc je le double. On est à 40-50m du groupe devant, c’est parfait, je peux me remettre à mon rythme et je ne reviens pas sur eux, mais je les garde en ligne de mire. Petit à petit, je vois que l’on se rapproche d’un groupe devant. La jonction se fait, et bizarrement, aucun du groupe devant, à priori moins rapide, n’est lâché par le groupe qui est revenu, et voilà un grand groupe de 40 à 100m devant. Les arbitres sont inexistants, ils doivent être devant, pour surveiller le top 50. J’ai la hargne, la niaque, et j’appuie sur les pédales pour ne pas perdre le groupe de vue. Je me dis « vous tous, attendez un peu, je vais tous vous avaler à pied ! ». Je roulerai derrière à 100m environ pendant 10-20km, et juste avant la montée, je me rapproche pour finir à 50m d’eux environ. C’est une partie de la course dont je suis très fier : résister tout seul au groupe de 40 devant pendant presque 30min. Mais pour cela, j’ai un peu puisé dans mes ressources, une dizaine de watts au-dessus de la cible…

Et une fois la montée entamée, je rattrape petit à petit les lâchés du groupe (Non, j’ai pas dit les lâches ! Je l’ai dit ? bon je l’ai pas dit fort alors…).

Dans les vallées suivantes, je continue de remonter, et je vois que certains se retournent assez souvent (pour voir si une roue est bonne à prendre ?). Je finissais une montée en me disant que j’allais profiter de la descente pour uriner, quand je vois que le gars devant a l’air de m’attendre pour la descente. Le malheureux, il ne sait pas que 1. Je suis une m… en descente et 2. Il risque de profiter d’un peu plus que de l’aspiration s’il me colle de trop. Il comprend assez vite et je le vois qui me double une fois le système « enclenché ». Normalement, il était interdit de pisser autre part que dans les toilettes, mais là j’avoue que c’est moi qui joue à « pas vu, pas pris… ». Je peux repartir de plus belle, et The Beast est monté agréablement, en compagnie d’un autre coureur, et Relax Station une nouvelle fois en position CLM, où je reprends une nouvelle fois plein de coureurs. Ces 30 km ont quand même étaient un peu long, et il me tardait d’arriver au pied de The Beast.

Je n’ai toujours pas de coup de moins bien, même si ma moyenne est moins bonne que sur le 1er tour (2-3 min de retard). Sur mes 2 premiers IM, les 40 derniers km de vélo avaient été difficile, et je suis content d’être toujours en forme à l’approche des 20 derniers km.

 

Sur la dernière descente, je ne prends aucun risque, et un connard me double à droite de manière assez proche. C’est normalement une disqualification directe d’après les règles de l’Ironman (j’avais lu les règles la veille !). Alors d’accord je ne descends pas vite, mais c’est pas une raison pour me doubler à droite ! Bref, ça m’énerve mais j’essaye de rester concentré. J’ai hâte que la descente se termine. Vers la fin de celle-ci, j’entends « allez Nanterre ! ». C’est Fred qui me double. Je l’encourage à mon tour, mais je suis content de le voir maintenant. Je sais que c’est un très bon cycliste, et je redoutais de le voir me doubler beaucoup plus tôt. En fait, j’avais comme objectif de ne pas le voir avant le km90. Ca me booste donc de réussir ce mini objectif !

Relativement souvent sur ce parcours, quand j’étais derrière un gars et qu’on était esseulé, il se retournait régulièrement, genre toutes les 30 secondes ou une minute. J’ai eu du mal à comprendre pourquoi : soit il voulait voir si j’étais dans la roue et à ce moment-là soit m’engueuler, soit me demander de prendre un relais… soit regarder si un arbitre arrivait pour voir s’il pouvait se mettre dans les roues ? C’était assez bizarre, moi je ne regarde jamais derrière moi.

On arrive sur le plat, je me remets en position CLM, et je suis derrière un groupe de 3 coureurs. Je me rapproche petit à petit, et je me rends compte à ma grande surprise que c’est Fred qui est devant. Ça veut dire que je vais à peu près à la même vitesse, je suis très surpris. Je me dis qu’il doit temporiser un peu avant la CAP ou qu’il a trop donné sur le début du vélo. Je me fais doublier ensuite par le gars de la Team Argon, que je m’attendais à voir avant aussi.

Je reste derrière à distance raisonnable, certains essayent de s’accrocher à Fred et Argon boy mais décrochent quelques minutes plus tard, je les rejoins, et c’est moi qui les amène…

Mais bon, il y a quand même moins de monde que sur le 1er tour, c’est plus gérable.

On arrive à Heartbreak Hill, je suis toujours en forme, je la monte à l’aise, il y a toujours pas mal de spectateurs. Un groupe de gars avec des bières à la main me gueulent dessus pour m’encourager, je suis mort de rire, il était à bloc le gars ! « Allez !!! Vas-y !!! Défonce-les !!! ». Ça aide à désinhiber l’alcool !

Je finis en essayant d’être relâché, mais je guette mon chrono pour essayer de faire moins de 5h05.

Je finis mes 2 derniers bonbons sur les derniers km. Je suis trop content de ma gestion de la bouffe. J’ai amené pile poil ce qu’il me fallait. J’ai eu un peu fin vers 3-4h de vélo et j’ai doublé la dose à un moment, heureusement j’avais pris un peu de marge !

Finalement je finis en 5h06m53. J’ai quand même perdu environ 4min sur mon 2ème tour par rapport au 1er. Je suis un peu surpris car je ne me sentais pas moins fort. Peut-être le vent s’est un peu levé, je sais pas. Quoi qu’il en soit, je suis quand même content du chrono.

 

A ma montre je boucle mon 2ème tour en 2h34m47s à 34,3 km/h.

Ce qui fait les 177 km en 5h06m, soit 34,7 km/h pour 1400m de dénivelé environ.

Dans l’absolu, c’est une belle moyenne, dont je peux être fier. Sur les 85km de plat, je fais une moyenne autour de 38,9km/h. Je ne suis pas aux 40km/h rêvés, mais c’est quand même pas dégueu !

Dans le relatif, je suis un peu plus déçu. Je fais 146ème temps vélo. C’est là que je perds le plus de temps par rapport aux autres « bons » amateurs. Il faut aller jusqu’au 16ème de ma caté pour trouver un moins bon temps ! Et les gars autour de moi me mettent entre 5 et 10 minutes, alors qu’en natation je ne perds quasi plus rien…

Mais, mais, je suis en train de devenir un triathlète nageur/coureur ? taillé pour les compétitions avec drafting ! Ça va pas du tout là !

 

Par rapport au pro, je perds 32 minutes sur les meilleurs, et au minimum 15 minutes sur les moins bons. C’est quand même une nette amélioration par rapport à Roth et Afrique du Sud où les meilleurs m’avaient pris 47-50 minutes, et la moyenne des 10 premiers pros 37 minutes. Alors bien sûr, une nouvelle fois, le niveau des pros n’était peut-être pas le même (dommage que Ronnie n’ait pas fait la course !), mais c’est quand même une nette amélioration. Et puis Bertrand Billard est quand même un très bon cycliste, même chez les pros !

 

Alors pourquoi je suis si loin des meilleurs amateurs ? Le niveau a tout simplement augmenté, et les meilleurs amateurs sont maintenant bien plus proches des pros, je pense. Difficile de donner la part également du drafting dans ces chronos. J’ai envie de penser que parmi le top des amateurs, les arbitres étaient plus présents (je les ai vu au début de mon vélo, puis après plus rien, je pense qu’ils étaient devant), les athlètes moins nombreux, et que c’était relativement clean, mais 147ème temps vélo, je me demande s’il n’y a pas aussi un peu de drafting dans l’histoire. Je sais, c’est moche d’accuser sans preuve, juste parce qu’on n’est pas content de son classement… c’est pour ça que je dis que je n’en suis pas sûr ; j’ai constaté à mon niveau pas mal de paquets, mais je ne peux pas dire si c’était généralisé ou si ça a duré dans le temps, ou même combien ont été sanctionnés.

Nicky s’est quand même amusé à prendre quelques vidéos de groupe où les gars n’avaient pas l’air d’être trop gêné de rouler roue dans roue… Bientôt en ligne !

 

Je pose le vélo frais et dispo. J’aurai pu repartir pour une boucle je pense. Je dis pas que je l’aurai fini, et à quelle vitesse, mais j’aurai pu repartir ! Et surtout, je sais qu’il ne peut plus rien m’arriver en terme d’ennui mécanique. Si je foire, maintenant, ce sera uniquement ma faute, et ça je sais le gérer.

Je suis serein, heureux. Pour l’instant, je n’ai pas l’impression d’avoir puiser dans les réserves, tout se passe selon le plan prévu. Je n’ai aucune idée de mon classement, mais en fait je m’en fous, je suis concentré sur ma performance à moi.

 

Je pose le vélo 96ème au général et 31ème de ma caté. Mais ça je ne le sais pas (heureusement !).

Je sais que Fred et le gars de team Argon sont pas loin devant, mais j’essaye de rester concentré sur ce que je dois faire moi. Coach Nick a dit : on ne pense à ses adversaires qu’à partir du semi. Avant, personne ne compte d’autre que soi-même.

 

CAP

 

La CAP est mon point fort, je le sais, et j’ai bien l’intention de faire un beau marathon. J’avais fait 3h15 à mes 2 premiers IM, et cette fois-ci j’espère passer sous les 3h10, et j’espère même 3h05 même si j’ose pas trop l’annoncer avant. Nick m’a concocté tout un programme en juin pour me permettre d’atteindre cet objectif. Ça fait 2 mois que je m’entraine au cardio, et du coup Nick me demande de gérer ce marathon au cardio : entre 140 et 148 pulsations. Du coup, je ne sais pas vraiment ce que je peux espérer, mais étant donné mes entrainements, je me dis que je peux partir autour de 4m10/km. Une décélération programmée sur les 4 tours de 10,5km du parcours me font penser à 4m10 sur 1er tour, 4m20 sur 2ème, 4m30 sur 3ème, 4m40 sur 4ème, pour un total de 4m25/km soit 3h06/3h07 environ.

Le parcours en CAP est vraiment bien je trouve. Il est varié, quelques minis cotes, pas mal de petits virages, beaucoup de bitume, mais un peu de verdure, et plein de spectateurs et d’encouragements !

 

2014-07-27-IM Zurich 10

ceux qui ont assisté à notre mariage reconnaitront peut-être mes chaussures porte-bonheur...


Une nouvelle fois, je prends le temps de manger un gel et boire un peu à la transition avant de partir. Je vois Nicky à la sortie de la transition. Elle me gueule plein d’informations que je ne comprends pas (trop de bruit) mais je m’en fiche. Je lui fais un « coucou » et un grand sourire. Je suis heureux de partir sur la CAP !

Normalement, j’ai 1km pour me poser et me mettre en jambes, mais j’attaque direct ! Je commence à bien me connaître et je me stabilise assez vite autour de 145bpm. Je suis bien, j’essaye de ne pas trop faire monter les bpm. A l’entrainement, j’avais toujours tendance à aller à la limite haute demandée, voire la dépasser, et Nick m’a bien mis en garde de ne pas le faire cette fois-ci. Je reste donc sagement à 145bpm, sans chercher la limite haute de 148bpm, et j’essaye de rentrer en mode décontracté, et me concentrer sur ma technique. Nick m’avait aussi demandé de m’ouvrir aux spectateurs pour ne pas s’enfermer sur moi-même et ma douleur, comme je peux le faire sur mes courses.

Mes premiers km me rassurent direct sur mon rythme : 4m04/4m03/4m06 ! malgré 2 petites montées (D+=6m chacun) et un virage à 180°. Ces « difficultés » feront bien plus mal sur les prochains tours. A ce rythme-là, pas besoin d’aller chercher les 148bpm pour aller encore plus vite, 145 me convient bien.

Nicky est très présente sur la course et m’encourage beaucoup. Elle me dira après la course que j’avais le visage bien moins marqué par la souffrance/douleur que sur toutes mes autres courses, que je paraissais en « total control ». Je croise les pros et dans ma tête ils ont déjà un tour d’avance sur moi. Je vois m’envoler mon « rêve » de finir moins d’une heure derrière le vainqueur…

Je croise également Fred qui n’est pas très loin devant mais je ne vois pas le gars de la Team Argon. En fait je l’ai doublé pendant la transition.

On arrive à la partie que j’ai préféré, 1 km environ dans un parc. Alors oui, il y a une cote assez raide (D+=8m) pour y accéder puis une descente avec un lacet à 180° où du coup on ne peut pas trop profiter de la vitesse de la descente, mais c’est plus calme et on peut être un peu plus serein. En fait j’ai l’impression que ça fait une coupure ! C’est aussi là que l’on récupère nos chouchous pour nos 4 tours. Là, l’orga et les bénévoles est top, on choppe les chouchous facilement.

Je me rends compte que je reviens sur Fred petit à petit. Je suis assez surpris, car généralement il part très vite en CAP. Il est vrai qu’il a déjà fait Nice il y a 5 semaines et je me dis qu’il va forcément craquer à un moment. J’essaye de ne pas me focaliser sur mes concurrents, pas avant le semi on a dit !

Il y a beaucoup de ravitos, et je fais l’effort de bien boire à chaque ravito. Cette fois-ci, contrairement à mes autres IM, je ralentis (un peu, faut pas déconner) pour prendre le temps de boire 2-3 vraies gorgées de boisson ISO à chaque fois. Je prends un gel tous les 5km environ. Ça peut paraître beaucoup mais comme en général les gels sont assez difficile à manger « complètement », je pense que je devais en prendre 2 tiers tous les 5km en fait.

Après ce passage, on a un long A/R le long du lac avant de finir le tour.

Je ralentis à 4m17 au km 4 pour la montée, j’ai un peu peur de commencer à déjà ralentir, mais je repars au km 5 à 4m06 et au km 6 à 4m05.

Je suis facile, et je commence à me dire que les 3h05 sont bien faisables, j’ai déjà un peu d’avance sur mon plan de course. Bon, c’est sûr que 20s d’avance sur un marathon, ça part très vite quand on commence à « craquer ». J’en ai déjà fait l’expérience à Roth et en Afrique du Sud, donc j’essaye de pas m’emballer !

 

Les 4 prochains km sont un peu plus longs, mais je reste proche des cibles voulues : 4m15, 4m14, 4m10, 4m13 pour les km 7 à km 10. Lors de ces km, il y a beaucoup de monde, c’est très sympa, mais il y a le pont à passer, une mini cote donc, et un virage à 180° pour faire demi-tour. Je commence à moins regarder ma montre et à prendre confiance.

Je double Fred à ce moment-là, qui m’encourage encore. Je lui dis « à tout à l’heure » pour essayer de lui faire comprendre que rien n’est joué, qu’il peut encore revenir sur moi.

J’ai remarqué que ma montre, programmée pour bipper tous les 1,01km (1,01 car en général 1,01km GPS correspond à peu près à 1km réel), prend un peu d’avance sur les km de l’orga. C’est à dire que quand j’ai croisé le panneau km10 de l’orga, j’ai encore couru 20-30 secondes avant de bipper avec ma montre. Du coup, je me dis que c’est encore un peu d’avance pour passer en moins de 3h05 la partie pédestre !

Les dernières centaines de mètres pour finir le tour sont sympa, on passe devant la ligne d’arrivée, il y a foule, et on peut taper la cloche « get breathless for PH » pour donner un dollar à l’association. Dans un effort pour justement « sortir de moi-même », je fais l’effort de taper la cloche.

Sur mon GPS, j’avais 430m pour la fin de la boucle. Ce qui fait que selon moi, il manquait environ 120m par tour, soit presque 500m en tout.

 

2014-07-27-IM Zurich 11les routes étaient assez larges, pas trop de problèmes pour slalomer !

 

Vers le km10, je me souviens d’avoir eu un petit coup de moins bien, musculaire il me semble. Heureusement, il passera assez vite et je peux continuer sur un bon rythme.

Je passe ce 1er tour en 43m15, soit environ 4m09 au km, pile ce que je voulais

 

Je continue sur mon rythme à 145bpm, et sans surprise, le début du 2ème tour est plus lent, environ 10-15s plus lent au début.

Mais je m’affole pas, et je retrouve un semblant de vitesse vers le 15ème km, où je repasse en 4m15 en moyenne.

Ce deuxième tour passe sans encombre en 44m32 (+1m15 par rapport au 1er tour), soit 4m16 au km environ. Soit le semi « officiel » (en réalité environ 20,6km) en 1h27m47 !

J’ai pu m’apercevoir lors des demi-tours que je commence à prendre de l’avance sur Fred. Il devra malheureusement abandonner sur blessure vers le km 20.

Personne ne m’a encore doublé, je ne montre pas de signe de fatigue. Je connais exactement mon temps de marathon même si je connais pas à où j’en suis sur la course au global. Je me focalise sur ces temps, et je commence à me dire que le 3h est peut être jouable. Il faudrait passer le deuxième semi en 1h33. Ça paraît chaud mais pas injouable. Mais déjà, je commence à faiblir mentalement et je calcule surtout ce qu’il me faudrait tenir pour arriver à 3h10 qui était ma cible initiale : 1h43, soit 4m53s par km. Impossible que je n’y arrive pas, surtout que je ne faiblis pas encore. Dans ces moments-là, il faut surtout se concentrer sur les moyens à mettre en œuvre pour arriver à l’objectif (technique, hydratation, motivation) plutôt que sur l’objectif lui-même, mais je n’y suis pas arrivé (sorry Nick…)

 

Je repars pour un 3ème tour, et continue ma lente décélération, mes km oscillant entre 4m19 et 4m41 (pour la montée) sur ce tour. Je le boucle en 46m40 (+2m10 par rapport au 2ème tour), pour une moyenne à 4m28/km.

Nicky est toujours là, et elle commence à vraiment m’encourager, à me dire que je suis en train de faire une course vraiment impressionnante, que Nick me suit à distance, qu’il a confiance en moi, et qu’il faut que je sois « relâché à l’extérieur », « concentré à l’intérieur ». Toujours le sens des formules ce Nick ! Nicky me crie « pas de regrets ! » Je crois encore à une formule de coach Nick, mais apparemment non, c’est Nicky qui l’a trouvée celle-là !

Je passe donc le ¾ du marathon en 2h14m27, donc toujours sur les bases de 3h.

Lors du 3ème tour, je me suis rendu compte qu’en fait, les pros ne m’avaient toujours pas repris un tour. Je croise le leader à chaque demi-tour, et il revient très très lentement sur moi. Il me doublera finalement environ à 2km de la fin du tour, mais je reste très proche, et je le vois passer la ligne d’arrivée. A partir de ce moment-là, je sais que mon objectif majeur est validé, je vais finir moins de 1h derrière le gagnant.

 

2014-07-27-IM Zurich 12

là je commence à m'affaisser un peu, la technique n'est plus la même...


C’est dans ce tour également que je double la deuxième fille (ou la 3ème, je sais plus). C’est cool, ça me motive, car un autre objectif était de réussir à finir devant la 1ère féminine…

Mais bon, je sais maintenant que je vais finir quoi qu’il en soit dans un super temps, et j’ai du mal à me motiver pour me rentrer dedans encore plus. C’est le revers de la médaille d’essayer de se « détacher » de la course. Tant que c’est « facile », c’est tout bon, mais quand ca commence à coincer, il faut se remobiliser, et c’est pas facile ; je n’y suis pas arrivé.

Et donc là, au début du 4ème tour, ça commence à devenir difficile. Je perds 30s direct sur les 1ers km. De 4m25/km sur les derniers km du 3ème tour, je passe à 4m55 sur les premiers du 4ème tour. Je me souviens plus trop de cette partie, mais j’étais dans le dur ! Je n’arrive plus à tenir 140bpm. Je ne m’affole pas car je sais que quoi qu’il arrive je fais une bonne course mais je n’arrive pas à accélérer.

Nicky essaye de m’encourager, mais rien ne réussit à me rebooster.

 

Puis, un peu par miracle, je retrouve un peu de punch. Après la petite montée dans le parc (où je ferai mon seul km au-dessus de 5m, en 5m02), j’arrive à repasser à une meilleure allure. Je finirai à une moyenne de 4m40 sur les 5 derniers km. C’était très bizarre comme j’ai retrouvé de l’énergie, j’ai juste réussi à accélérer à un moment. Et heureusement, car j’étais parti pour perdre encore 2 minutes à cette allure…

 

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toujours le ptit coup de stress quand je regarde la montre après chaque km en espérant que je n'ai pas trop ralenti...


Toujours personne ne m’a doublé dans cette 4ème boucle. Nicky essaye de me booster en me disant que devant je peux aller en chercher, mais à ce moment, je m’en fiche complètement de mon classement, je me dis, je fais ma course pour moi, je fais le max (en réalité je le fais pas…) mais je m’en fiche des autres ! D’ailleurs, pendant tout le marathon, je ne regarde ni les dossards, ni les chouchous.

En fait, le seul qui m’ait doublé pendant ce marathon, c’est Boris Stein, le vainqueur, qui m’a pris un tour ! encore une chose dont je peux être fier.

Je boucle ce dernier tour en 50m12 (+3m30 par rapport au 3ème tour), en 4m47/km.

Au final, 3h04m39s pour ce marathon « officiel ». A mon GPS, 42,14km, soit environ 41,7 km « réel ». Ca donnerait un 42,2km réel en 3h06m44, assez proche de l’objectif.

Ce marathon de Zurich est globalement assez rapide, mais il y a quand même 4 virages à 180° par tour, quelques petites montées dont une un peu raide pour environ 30m de D+ par tour.

 

A l’arrivée, je vois 9h18. A ce moment, je me demande s’il faut retrancher 5 minutes car on est parti 5min après les pros. J’y ai cru car je pensais avoir fait 57-58min sur la nat, 5h05 sur le vélo et 3h05 à pied, plus 5min de transition. En vérité, je fais 1h, 5h07, 3h05 et 6min de transition, donc bien 9h18 !

 

Ma dernière ligne droite, je laisse exploser ma joie, je tape les mains des gosses qui la tendent, je suis vraiment content d’avoir réussi une très bonne course.

 

2014-07-27-IM Zurich 21
CONTENT !

 

2014-07-27-IM Zurich 22toutes les émotions arrivent en même temps, mais on lit surtout du soulagement sur mon visage !

et la preuve du 9h18 par l’image !

 

Les temps des pros sur ce marathon ne sont pas très rapide : 2h52m21s, soit à peine 12m30 plus rapide que moi. Je fais le 19ème temps chez les mecs (1 fille a couru plus vite, en 3h). Sur les 18 meilleurs coureurs que moi, 8 étaient pros, et 5 étaient dans ma caté. Il en reste donc 5 dans toutes les autres catés confondues ! C’est bien, mais avec un tel temps, je m’attendais même à mieux. En Afrique du Sud, j’étais 26ème avec 3h15, mais 27min derrière le premier !


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l'analyse du marathon, tour par tour et km par km

rouge, km difficile, orange, km moyen, et vert, je vous laisse deviner !

 

Une nouvelle fois, je me pose la question du niveau des pros sur cette course. Peut-être usés par la course aux points pour se qualifier à Hawaii, personne n’a réussi à sortir une course « pleine », ce qui explique peut-être comment je me retrouve à à peine 45m07 de la gagne…

Cela dit, les 4 premiers du général sont tous qualifiés pour la grande finale à Hawaii (qui réunit en gros les 50 meilleurs mondiaux), donc ce ne sont pas non plus des inconnus.

 

APRES-COURSE

 

Vous l’aurez compris, je suis très très content de ce que j’ai réussi à faire ce dimanche à Zurich. D’autant plus que j’avais tout misé sur cette course, en orientant toute ma préparation vers cet objectif. Un échec aurait été difficile à accepter !

L’Ironman reste la course d’un jour, et heureusement pour moi, j’ai réussi à perfer quasi au max de mes possibilités le jour J. Mais bon, c’est ça le sport, c’est le jour de la compétition qu’il faut réussir à sortir le meilleur de soi, et je suis fier d’y être arrivé.

Ca efface complètement ma relative déception après Cublize. D’ailleurs, je finis 30 secondes derrière un athlète français qui avait fini 2ème à Cublize, plus de 9 minutes devant moi !

 

Une fois la ligne d’arrivée franchie, je ne connais pas mon classement, mais on me dit 7ème de caté et 28ème au général. La 1ère fille finit bien devant moi (5 minutes) (bon, je peux pas réussir tous les objectifs non plus !). Quelques heures plus tard, j’ai gagné une place, 6ème de caté et 27ème au général. Je ne sais pas pourquoi, sans doute quelqu’un a été déclassé pour ne pas avoir effectué sa pénalité. Etant donné mon super marathon, j’espérais presque monter sur le podium, mais j’en suis encore loin : le 5ème finit 5min devant et le 3ème 12 minutes. Quant au 1er, 20 minutes devant (7ème au général) !

A l’arrivée, tout le monde parle de la qualif pour Hawaii. Le gars qui finit derrière moi est français. Il finit à 30s, je l’avais doublé vers le 25ème km et pris 2 minutes d’avance, mais il a rattrapé du temps dans le dernier tour, j’ai eu chaud ! Il espère avoir sa qualif après l’avoir loupé 5 semaines plus tôt à Nice. Il est balèze d’être arrivé à perfer aussi bien 5 semaines après un IM !

De mon côté, je n’ai jamais prévu de prendre le slot pour Hawaii si jamais  je l’avais. En effet, avec la naissance prévue fin septembre, difficile de prévoir un voyage à Hawaii quelques jours plus tard, sans compter de la difficulté d’organiser une prépa avec tous les imprévus que peut contenir une grossesse ! Enfin, Hawaii doit être un fête, à partager. Si Nicky ne peut pas m’accompagner, c’est quand même beaucoup moins cool. Mais un des objectifs était de réussir à mériter cette qualif pour pouvoir dire : j’avais le niveau pour être à Hawaii !

Mais quand on se retrouve avec les autres athlètes de l’équipe de Nick, beaucoup me poussent à prendre mon « slot », à aller à Hawaii. Même Nicky me dit de réfléchir, que l’on peut peut-être s’arranger. Mais ma décision est prise depuis longtemps. C’est d’ailleurs peut-être pour cela que j’ai si bien réussi ma course. D’ailleurs, ils annoncent seulement 5 places dans notre caté les jours précédents la course, donc c’est loin d’être sûr que je sois qualifié ! Je dis finalement que je vais réfléchir afin d’arrêter le sujet, car ça devient un peu gênant, mais dans ma tête, c’est déjà tout réfléchi.

J’accueille les autres finishers de Nanterre et X-Pier. Denis qui fait une belle course également, Jean-Michel et Sandrine qui sont un peu (beaucoup) déçus. Comme je le disais, l’Ironman reste la course d’un jour, et on peut avoir des jours sans. C’est difficile à accepter… Philippe pour son 1er IM finit en pleine forme, sans marcher sur le marathon, en moins de 12h, et Stéphanie fait une belle perf également. Seul Vivien manque au RV, abandon malheureux au 10ème pour pouvoir repartir sur une belle préparation et perfer à l’IM de Barcelone dans 2 mois !

 

2014-07-27-IM Zurich 144 finishers nanterriens à Zurich

 

Nous partons le soir même à Lausanne voir des amis. Ça fait du bien de sortir un peu de toute l’ambiance Ironman/triathlon et de retrouver des gens « normaux ». Nicky est prête à retourner le lendemain à Zurich pour aller à la remise des slots pour Hawaii, mais je lui répète une nouvelle fois que je ne compte pas l’accepter.

 

Au final, il y aura 6 places dans ma caté. Je peux donc dire que j’aurai pu avoir ma qualif, et sans avoir besoin de « roll-down » (une qualif passe au prochain athlète si un athlète refuse sa sélection). Et ça aussi j’en suis très fier !

Cette fois-ci, c’est moi qui était devant le « peloton » des gars qui sont à quelques minutes de la qualif (le 13ème 30-34 finit à moins de 5 minutes de moi).

Le dernier qualifié est le 9ème, en 9h19m54. Donc malgré ma course presque parfaite, je ne finis avec moins de 2 minutes de marge sur la qualif. Le niveau est vraiment élevé… Et je suis conscient qu’il est possible, voire probable, que je n’arrive plus à me qualifier pour Hawaii.

 

Avec ces 9h18 sur l’Ironman de Zurich, je me dis également que je ne suis plus très loin du but ultime du sub-9. En effet, les conditions étaient bonnes sur cet Ironman, mais il n’est quand même pas hyper rapide. La natation était longue (4-5 minutes), le parcours avait quand même du dénivelé, et en CAP, il est vrai que c’était quasi parfait, mais avec un parcours avec moins de relance, il y a peut-être un gain de 1-2 minutes à escompter (compensé par les 500m trop courts du marathon).

Alors à combien pourrai-je rouler sur un parcours plat sans vent ? Je me dis que j’ai roulé à 38,9km/h sur le plat (il y avait quasi pas de vent, mais de toutes façons c’était des aller/retour (sauf une portion de 2*15km environ). J’ai roulé à la puissance que je pense pouvoir tenir sur 180km. Alors bien sûr, j’ai profité de moments où je ne pédalais pas (descentes) et de moments de détente des articulations et muscles où j’ai pu sortir souvent de la position CLM, et enfin de l’aspiration par moments de groupes qui me doublaient, mais j’ai aussi eu à grimper des montées en mettant beaucoup plus de puissance que sur le plat. Le fait de ne pas être tout le temps sur le prolongateur a peut être également préservé mes muscles pour le marathon. Il est donc difficile d’affirmer que j’aurai pu tenir 38,9km/h sur tout un Ironman plat. Mais si c’était le cas, ça fait un bike split de 4h38… Bon, ça me paraît quand même démentiel, mais je pense que 38km/h est réalisable, ça donnerait un bike split en 4h44, soit 22 min de gagné par rapport à Zurich.

Soit sur un parcours idéal un total d’à peu près 26 min de moins qu’à Zurich, soit pour moi un temps total de 8h52. Bon, attention, je ne dis pas que j’aurai pu sortir cette performance. Je me dis seulement qu’elle m’apparaît aujourd’hui comme dans le domaine du réalisable.

 

Bon, je vais arrêter là de me jeter des fleurs peut-être. Si vous avez lu jusque-là, vous devez vous dire, « il a pas fini de dire qu’il est fier ! » Je ne sais pas si j’arriverai un jour à reproduire cette performance. Les prochaines années, ce sera plus difficile de trouver du temps pour s’entrainer, et je vais arrêter ma collaboration avec coach Nick, donc je sais pas si j’arriverai à retrouver un jour mon niveau de 2014. Donc j’en profite aujourd’hui et on verra pour les prochaines années comment ça se passe.

 

Et pour finir, depuis fin novembre, en 34 semaines d’entrainement, j’ai fait 468 heures d’entrainement, soit 13h45 par semaine en moyenne. J’ai eu la chance de ne pas être blessé (sauf ma chute à Majorque qui m’a empêché de courir/nager 10 jours), décomposé comme suit :

257 heures de vélo (7h30 par semaine)

117 heures de CAP (3h45 par semaine)

70 heures de natation (2h par semaine)

24 heures de PPG (40min par semaine)

Ca fait un sacré paquet d’heures d’entrainement, et ca explique en grande partie ma belle course de dimanche. Et nul doute que je ne pourrai pas consacrer autant d’heures à l’entrainement pendant ces prochaines années.

 

Une nouvelle fois, merci à Nick the coach qui m’a amené à un niveau que je n’imaginais même pas il y a 3 ans, à Nicky de me laisser passer tout ce temps à l’entrainement, et aux coéquipiers et entraineurs de Nanterre pour les entrainements et conseils depuis que j’ai commencé le triathlon à l’ES Nanterre. Je suis content d’avoir réussi à sortir cette belle course pour ce qui sera mon dernier Ironman avec l’ES Nanterre (et oui, un changement géographique et de club est prévu pour dans pas longtemps !).

 

Et puis mince, je le dis quand même: annoncer la veille 9h18 et faire 9h18m07, c'est quand même énorme ! Je vais avoir la pression au prochain pronostic...

Publié dans CR complet

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P
Très fier d'être sur la photo des finishers à côté de Stéphanie, Denis et Benjamin, merci Benjamin!
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