CR du full Challenge Almere Amsterdam

Publié le par benji-triathlon

Nouveau Sub 9, mais des déceptions...

 

Enfin je vous partage le CR de mon second gros objectif de la saison, Challenge Almere Asterdam, full distance.

Depuis Vitoria, on a choisi avec mon coach de ne faire aucune course afin de faire monter l'envie et d'arriver prêt à tout déchirer sur cette course.

Les séances de prépa se passent bien, surtout à pied où je passe de très grosses séances, mais un peu moins en vélo, où je me sens un peu moins bien qu'à Vitoria, et surtout en natation, où mes derniers entrainements ne me mettent pas trop en confiance.

Bref, direction Amsterdam, tout un périple ! J'arrive à Bordeaux mercredi après-midi 2h avant mon vol, quand j'apprends qu'il est annulé... J'essaye de pas m'énerver et me disperser. Je suis placé sur le premier vol jeudi matin, j'ai pas trop le choix. Je prends un hotel pour la nuit et je pars le lendemain matin. A l'aéroport, ils me font pas payer la surtaxe pour le vélo. Haha, la chance est en train de tourner ! Mais l’arrivée à Amsterdam est rocambolesque. On vient me récupérer à l'aéroport (privilège des inscrits PRO :-)) mais mon homestay ne peut pas m'accueillir avant midi (forcément, ils travaillent les gens ! ils m’attendaient la veille…). Je me retrouve donc à attendre jusqu'à midi, avec les bénévoles qui travaillent sur l'installation. J'en profite pour remonter mon vélo, et faire quelques courses, mais forcément c'est moins confortable que si j'avais été dans mon homestay.

Enfin je peux y aller, j'arrive tant bien que mal à trouver la maison, le téléphone GPS à la main sur mon vélo, et les organisateurs me déposent mes valises chez mon hôte ! Ouf, j'y suis, et je peux me reposer ! Au passage, Almere: incroyable ville pour les vélos, des pistes cyclables, complètement séparées des voies routières, et tout le monde se déplace à vélo. A 8h du mat' sur les pistes cyclables, on croise des gosses de moins de 10 ans qui vont seul à l'école. Et à toute heure pleins de personnes à vélo. Top.

Super homestay, notre hôte est très sympa, et a une super maison sur les bords d'un petit lac. Pas celui où on nagera, mais ça me permet de placer une petite nata jeudi soir.

Vendredi je fais mon déblocage vélo, et je reconnais une partie du parcours: un loooooong bout de ligne droite sur la digue, à la merci du vent. Je me fais surprendre par le vent justement, et me prends une mini tempête sur la gueule, je ne tiens plus sur mes prolongateurs, comme sur Israman ! Je commence à flipper en me disant que si demain c'est comme ça autant ne pas prendre le départ. Mais ce n'était qu'un gros coup de vent, et les prévisions pour le lendemain sont plutôt bonnes. Un peu de vent mais rien de dangereux. Quoi qu’il en soit, j’ai laissé la roue 80mm à l’avant à la maison, j’utiliserai la 60mm !

 

Nicky me rejoint le vendredi aprèm, elle voulait assister à ma course. Je dépose le vélo, on fait le briefing pro, hyper bien: précis et rapide. Je reconnais quelques têtes d'Israman.

 

Vu la start-list, je m'étais dit qu'un top 10 était largement jouable, et ensuite je ne me donnais aucune limite. Mon coach était encore plus confiant: oblectif top 6 et podium jouable. On n'est que 18 Pros.

Parmi les favoris Cameron Wurf, énorme cycliste qui enchaine les IM comme des perles (un par mois en gros, 10ème à Kona, record vélo 2 années de suite), et les 2ème et 3ème de l'année dernière en 8h10 environ, que je ne connais pas de nom (Kovacic, qui a également fait 2ème à Embrunman un mois avant, et Hogenhaug), puis Scheltinga et Unger, que mon coach me désigne comme favoris. Mais après il me dit que les autres ne sont pas forcément meilleurs que moi. Il y a également Till Schramm, qui a gagné Israman en me collant 50min (dont 47 en vélo). Donc difficile pour moi de me dire que je suis "à son niveau".

Avec l'expérience de Vitoria, je m'étais dit que je voulais essayer de faire cette course sans me soucier des autres sur le vélo. A Vitoria, j'avais "joué" et essayé de tenir les paquets, et je pense que je m'étais grillé les ailes. En plus, sur cette course Challenge, ils instaurent une distance de drafting de 20m pour les PRO, donc à cette distance le gain en drafting est quasi nul, c'est moins intéressant qu'à 10m ou même 13m (comme Kona il me semble). Donc je m'étais dit: te fatigue pas trop en nat, ya pas d'intérêt à sortir "avec le paquet" si tu ne veux pas essayer de le tenir à tout prix. Et en vélo tu gères ton effort solitaire, en augmentant un peu contre le vent, et en relâchant un peu avec le vent. Et ensuite tu ramasses le plus possible de monde à pied !

Je m'échauffe bien à sec, mais il fait bien froid, et je fais l'impasse sur l'échauf dans l'eau. Peut être une petite erreur.

La vague des pros homme part en premier, puis 2min plus tard les femmes, et 15min plus tard les groupes d'âge. C'est génial pour nous, on ne sera pas gêné du tout, et on ne devrait pas être "gêné" par de nombreux groupes d'âge qui reviennent de l'arrière (on a assez de marge).

Le départ est donné dans l'eau, je suis bien, et je suis le paquet, il me semble sans difficulté. Mais petit à petit je recule dans le paquet, et à la première bouée, Nico m'avait pourtant prévenu, ça accélère sec. Je reste dans les pieds mais je sens que c'est dur. Devant je vois qu'un groupe part, mais je ne suis pas capable d'aller faire la jonction, je suis déjà content de rester dans les pieds. Je suis dans un état d'esprit complètement différent de Vitoria, où je voulais faire l'effort en nata pour sortir bien dans le groupe de chasse. Là, j'ai en permanence à l'esprit de ne pas trop donner pour ne pas hypotéquer mes chances. Donc pas un super état d'esprit quand il faut serrer les dents pour tenir les pieds. Et ça ne loupe pas, je lâche petit à petit les pieds, 1m, 2m, et je ne fais pas l'effort pour revenir. Je perds petit à petit, et j'essaye de garder un bon rythme. A la fin du 1er tour, j'ai une trentaine de secondes de retard sur les gars devant, mais je les ai encore en visu pour m'aider à la trajectoire. Par contre, le clapot est très présent, ca casse complètement la nage, et je commence à me dire que j'aurais été bien mieux dans les pieds.

Au 2ème tour je me sens un peu seul au monde. Vers la fin, je reprends plein de GA qui sont dans leur 1ère boucle. Je suis toujours effaré de constater comment ils sont éparpillés dans la largeur. Je me dis que lorsque l'on nage pas vite, il faut au moins nager le plus droit possible et prendre le temps de s'orienter. Mais là il devait y avoir 50m entre les nageurs dans la largeur.

Bref, ça devient de plus en plus difficile de naviguer et doubler les nageurs, et je redoute de voir les féminines revenir sur moi. Je ne sais pas à où j'en suis coté classement mais je me dis que je suis pas terrible.

Sur la fin, je fais une erreur de trajectoire, je vise l'arche de départ plutôt que d'arrivée, et je perds un peu de temps dans l'affaire (30s ? 1min ? difficile de dire).

Quand je sors, on annonce la première féminine pas loin derrière, et un autre PRO sort un peu derrière moi. Je fais pas une super T1, mais finalement pas catastrophique, 30s de perdus sur les meilleurs et 10s sur la moyenne en gros.

En prenant mon vélo, je constate qu'il n'en reste quasi plus dans le rang des pros. Bon, avec le gars qui prend son vélo en même temps, on doit être dernier je me dis...

ouh la, ça a pas l'air d'être la grande forme...

Ca me met un petit coup mais pas tant que ça, j'essaye de rester dans mon plan: ils vont exploser, à moi de faire ma course. En fait, il y avait encore un pro derrière moi, qui ne reviendra pas en vélo ou en CAP, et que je ne verrai donc jamais.

Temps officiel 1:00:43. Ca faisait longtemps que je n’avais pas aussi mal nagé… J’essaye de comparer avec les autres, mais ça ne m’aide pas beaucoup. Je perds 10min par rapport aux meilleurs, ça fait beaucoup déjà. Il y a un gros groupe sur lequel je perds 7min, dont fait partie Schramm et Cameron Wurf. Schramm, je n’avais perdu « que » 2min sur lui à l’Israman, donc là ça fait très très lourd. Mais Cameron Wurf a nagé 53min à Hawaii, comme ici, et je me dis que 1h00 à Hawaii pour moi, ce ne serait pas si mal.

Il y a quand même 9 groupes d’âge qui nagent mieux, et 9 femmes PRO, donc clairement j’aurais pu mieux faire. Après, le groupe que j’ai « laissé » partir ne finit « que » 2m30 devant moi. Malgré toutes mes difficultés et le fait de nager seul, je ne laisse que 2m30. Mais clairement ma tactique était mauvaise. En m’abritant derrière les pieds, j’aurais dépensé à peu près autant d’énergie, mais je serai sorti avec le groupe, gagné 2m30, et j’aurai pu bénéficier d’un allié de circonstance sur le vélo (Marijn de Jonge qui roule à peu près comme moi).

Donc à ce moment, je suis 17ème sur 18… Je me lance en vélo, mais la première partie de course est assez tournicotant… Moi qui m’attendais à des grandes lignes droites, il va falloir attendre un peu. Le gars qui m’a doublé en transition s’éloigne assez vite, je n’essaye pas de le suivre, je reste dans ma bulle en essayant de gérer mon effort.

seul, je vous dis ! On pourrait presque croire que je suis 1er :-)

Bon, sur le vélo, il va pas y avoir grand-chose à dire. J’ai roulé seul. Mais seul de chez seul ! Au bout de quelques km, il y avait juste un petit A/R de 5min où on pouvait voir notre avance/retard sur les autres. J’ai pu constater qu’il y avait quelques coureurs pas si loin devant (3-4min), et que derrière les femmes étaient toutes proches ! Ca me rebooste un peu le moral de voir que je suis pas complètement à la rue, et c’est parti pour un premier tour en solitaire… Ce premier tour de 90km se passe plutôt bien. Sur la grande ligne droite avec vent de dos, j’essaye d’en garder un peu en réserve, et quand on arrive dans la partie vent de coté/face, j’appuie un peu plus fort, ça a l’air de passer. J’ai un œil sur la vitesse moyenne, et je me rassure un peu quand à la fin de la ligne droite je suis au-dessus de 39km/h, mais ensuite ça baisse inexorablement avec vent contre pour finir le 1er tour à 37,5km/h. J’espérais mieux, au dessus de 38.

Ah si yavait du vent en fait :-)

Je ne croiserai absolument personne sur cette boucle. Je m’en doutais, mais je commence à flipper un peu de me dire que je suis encore en train de me prendre une grosse rouste. Quelques autres points plus ou moins intéressants (plus moins que plus d’ailleurs…) : contrairement à Vitoria, où je pense avoir fait une petite déshydratation, je bois, je bois, je bois. Et je pisse, je pisse, je pisse ! 3 fois sur les 90 premiers km… Mieux vaut trop que pas assez, mais je suis quand même surpris. Mon choix de textile est bon pour l’instant : j’avais mis 2 trifonctions l’une par-dessus l’autre, car ils annonçaient quand même frisquet, un peu plus de 10°C, et j’avais peur d’avoir froid. Comme ça, je garde également un bon aérodynamisme, et en plus j’ai 2 chamoisines, ça peut toujours aider ! J’ai prévu d’enlever la couche externe à T2, petite perte de temps, mais ça valait le coup je pense.

J’ai quand même froid aux mains et j’ai des difficultés pour choper les bidons au vol et pour les ranger dans mon porte bidon derrière ma selle.

2ème tour commence, et enfin j’aperçois du monde : des mecs du half sans doute, qui ont dû prendre beeeeeeeeaaaaauuuuuucoup de temps pour nager, car ils sont partis une heure après nous.

J’aperçois un pro sur le bord de la route qui a crevé et essaye de réparer sa roue arrière. Sur le moment, j’avoue que je me suis dit : allez, une place de gagnée ! (je sais c’est moche, mais au moins je l’avoue !). Je ne vais pas aller jusqu’à dire que j’étais content de le voir sur le côté de la route, mais je n’allais pas pleurer sur son sort non plus ! Un coureur du half s’arrête d’ailleurs pour l’aider, même si c’est interdit par le règlement

J’arrive au petit demi-tour, et à l’entrée je ne vois personne. Je redoute de ne voir personne, et effectivement, j’arrive au demi-tour sans voir personne. Supeeeeeer. J’en ris presque, en me disant que je suis vraiment à la rue. Derrière, il y a encore 2 ou 3 femmes, mais moins qu’avant : bon je vais au moins plus vite qu’elles !

Mais ça me met quand même un petit coup de stress et j’appuie un peu plus fort en me disant que si j’arrive avec trop de retard, je ne pourrai de toutes façons pas les revoir, donc autant prendre quelques risques. J’arrive sur la grande ligne droite vent de dos. J’en profite pour me ravitailler, récupérer les gums que j’avais planqué dans la trifonction, car ils ne rentraient pas dans ma bentobox. Mais le froid a engourdi mes mains, c’est plus difficile que prévu, je galère un peu… Puis je me remets en position et j’appuie un peu plus que ce que je voulais. Par contre, je continue à rester sur mon plan de cadence : je tourne les jambes assez lentement, dans le but de ne pas faire trop monter le cœur, et garder un peu de cardio pour la CAP. Je me suis entrainé pour ça, et à Vitoria je pense que j’avais tourné trop vite les jambes, là j’essaye de rester autour de 80rpm, mais ça m’arrive de baiser à 70-75rpm. Mais je suis bien, et ça marche, mon cœur reste au-dessous de 140bpm comme j’espérais.

Malgré un investissement plus important, la puissance stagne par rapport au 1er tour, et à la fin de la ligne droite, je sens que ça va être dur. J’espérais finir à plus de 38km/h, autour de 4h40, le vélo, et je finis cette ligne droite à 38,4km/h depuis le début vélo. Il reste 50 bornes avec vent défavorable, et je sens que les forces commencent à manquer. Bref, je sais que c’est mort, j’espère maintenant 4h45, mais je vois petit à petit que même ça ça va être très compliqué…

Effectivement, je commence à piocher petit à petit, et un GA me double avec une facilité déconcertante. Je me mets à sa place, ça doit être jouissif : il est parti 15min après nous, et il double des pros ! J’avoue que c’est sûr à encaisser, mais j’essaye de me dire que des super bikers ça existe chez les GA, mais qu’ils ne savent pas courir (ce ne sera pas son cas le petit salopiaud…)

Je suis déçu de ma performance, je faiblis pile là où je pensais (espérais) reprendre du temps aux autres en ayant été plus prudent au départ…

Je commence à redouter que les premières femmes me doublent. Je continue à lutter, mais je double de plus en plus de monde (ceux sur le full dans leur 1er tour et ceux du half), mais j’ai de plus en plus tendance à lever la tête et perdre ma position aéro.

Finalement, la première féminine me double, il reste 10-20km. J’essaye de la garder en point de mire, mais je ne prends aucun risque niveau drafting, je reste à 30-40m pendant un petit moment mais ensuite elle prend de l’avance.

J’ai trop hâte d’arriver maintenant, ma puissance a bien chuté, ma moyenne aussi, et il reste quelques km de zigouigoui pour rentrer. Avec de nombreux concurrents à doubler maintenant, c’est pas facile, et j’ai tendance à relâcher sur cette dernière partie.

Je pose enfin le vélo. Je me crois dernier Pro (en vérité je suis avant dernier). J’aurais perdu 1km/h entre le premier et deuxième tour, et je finis à 37km/h… Pour un parcours plat, j’espérais (et je m’attendais) à bien mieux. Mais même si le vent n’était pas très fort, il soufflait quand même, et on n’était jamais protégé.

Je me doute que je suis assez loin des premiers, mais je n’ai aucune idée des écarts. J’espère avoir quelques infos assez vite, mais de toutes façons, j’ai mon plan de course jusqu’au semi, et après j’espère avoir des points de mire à aller chercher.

T2 catastrophique où je mets du temps à enlever ma trifonction et mon casque, mais bizarrement je ne suis pas à la rue par rapport aux autres pros, 20s de perdu environ, c’est pas bien grave.

Bilan de cette partie vélo : décevant sur la vitesse donc. Mais en comparaison aux autres ?

Wurf, l’espèce de grosse brutasse, ne roule « que » en 4h11, contre 4h52 officiel pour moi. 41min, c’est énorme vous allez me dire, mais comparé à lui, je m’attendais à peu près à ça. Je pensais qu’il serait capable de rouler en moins de 4h sur ce parcours. Ça montre peut-être qu’il n’était pas si rapide que ça. Au briefing ils nous avaient bien dit : on n’a pas de dénivelé mais on a du vent !

Je perds environ 4min entre mes 2 tours. C’est pas énorme énorme, mais ça montre quand même que je n’ai pas réussi à gérer comme je voulais. La plupart des pros devant moi perdent moins que ça entre les 2 tours.

Wurf il a roulé 4h11 à Hawaii l’année dernière, comme à Almere donc. D’après son blog, il a fait le vélo d’Almere à bloc, et il n’avait pas l’air de dire qu’il avait fait de la merde, donc voilà, si j’extrapole simplement, si je roulais 4h52 à Hawaii, ce serait juste énorme, alors de ce point de vue-là aussi ce n’est pas si mal.

Par rapport à Till Schramm, je perds 19min. C’est beaucoup, mais à Israman il me mettait 47min (et même 17min sur les 90 premiers km avant mon explosion), donc il y a également une progression.

Mais c’est juste que tous les pros ont roulé bien mieux que moi. 4 ont roulé à moins de 8min de Wurf, ce qui semble incroyable, vu qu’il colle souvent 10-15min à tout le monde, et même aux Sanders/Kienle, c’est du 5-10min.

Bref, un seul roule moins fort que moi, 2 autres sont moins de 3min devant, et ensuite, ya déjà 10min, et les 10 premiers me prennent tous 15min. Tant que je n’arriverai pas à appuyer plus fort sur les pédales, ça va être difficile d’aller jouer plus devant…

Il y a aussi 13 GA devant moi, et une pro, Yvonne Van Vlerken, qui gagnera la course chez les femmes. Ça fait beaucoup, 13, et ça confirme selon moi que sur cette partie vélo aussi, je n’ai pas été très fort. En tout cas moins fort que ce que j’espérais.

Je pose le vélo 16ème sur 17 pro. Yvonne est devant moi également bien sûr, et 7 GA aussi (mais heureusement il n’y en a qu’un qui a réussi à me reprendre les 15min pour me doubler « physiquement »).

Bon, je me lance en CAP en me doutant que je suis loin des premiers. Il y a 6 tours de lacs à faire. Je sais que les premiers m’ont déjà pris un tour (et je n’espère pas 2). Il y a une bonne ambiance, les jambes répondent présents, je suis motivé pour aller chercher du monde devant. Mais la course est « illisible » : il y a encore plein de personnes qui courent sur le format half. J’avais demandé à Nicky de prendre les écarts avec les pros à la sortie, j’espère que j’aurai des infos, j’espère qu’ils ne sont pas trop loin.

Elle est postée à 200 mètres après le parc à vélo, elle m’encourage, et me demande : « c’est ton 2ème tour ? ». Ah, on peut toujours compter sur Nicky pour trouver les bons mots d’encouragement ! Ha le coup de massue ! Bon, donc si je résume, je suis tellement à la rue que c’est inconcevable pour elle que je sois seulement en train de commencer la CAP. J’essaye de me remotiver. Maintenant que je suis ici, je vais quand même courir ! Et puis j’ai en tête les mots du coach, qui me disait que quasi-systématiquement sur un top 10 d’IM à la pose du vélo, t’en as au moins 3-4 qui abandonnent ou explosent complètement. Ca me laisse l’espoir d’intégrer le top 10.

Ho il a pas l'air bien le Benji ! Et pourtant...

J’espérais cette fois (pas comme à Vitoria) être en mesure de ne pas subir le marathon tout du long, de réussir à avoir une FC vers 145bpm, et surtout une bonne vitesse, mes entrainements me laissaient entrevoir un départ autour de 3’55/km, et j’espère tourner autour de 4’/km pendant un long moment, au moins le semi. Puis ensuite advienne que pourra, mais j’espère jamais monter au-dessus de 4’30/km.

Les premiers km se passent bien. Le parcours est plat, roulant. Il y a juste une mini bosse au début, et un long faux plat de quelques centaines de mètres sur le 2ème km. Le reste de la boucle est toute plate. Les ravitos sont bien placés, je tournerai comme prévu coca/gel/eau. J’avais également demandé à Nicky de me préparer quelques petites bouteilles de mélange eau/coca, qu’elle a le droit de me filer au ravito perso.

Je garde les yeux ouverts à la recherche d’autres pros, mais difficile de les reconnaitre. On a des numéros distincts bien sur, et des dossards couleur or, mais pas évident de regarder tout le monde, donc je me fie surtout aux allures.

Bref, je pars, je suis bien, les km se passent pile dans l’allure voulue, à 3’55 environ de moyenne, et j’ai le plaisir de revenir sur Yvonne au bout de quelques km. Ça fait plaisir car elle a l’air de bien courir, et je la passe assez facilement.

Je passe les 6 premiers km en moins de 4’. Le 7ème en 4’14, à cause de la petite bosse, mais je m’affole pas. Je récupère une petite bouteille de Nicky, arrive à boire quelques gorgées avant de la jeter au ravito. J’arrive à manger des gels tous les 2 ravitos, 5km environ. La vitesse baisse d’un chouilla, mais je reste dans mes prévisions, environ 4’/km sur ce 2ème tour. Encore une petite baisse au 3ème tour, environ 4’05-4’10/km. Mais la FC reste bien en place à 145bpm.

Je ne dis pas que c’était facile, mais je suis relativement confiant sur ma capacité à finir à cette allure. Malheureusement, je ne double pas beaucoup de pros, et Nicky ne m’apporte pas d’infos. Elle m’encourage, me dit qu’il y en a plein à aller chercher mais je ne sais pas où j’en suis.

Ha, là on voit que ça va mieux !

Après mes 5 ou 6 pipis sur le vélo, j’ai l’envie en CAP. Je n’en ferai qu’un, mais assez pour me piquer à la cheville, la puce ayant commencé à me lacérer la peau. Charmant.

Quoi d’autre comme anecdote ? Ah oui, on a eu le droit à un scooter en sens inverse qui allait trop vite pour que l’on se sente en sécurité, mais il est passé quand même à 2-3m de moi, donc je n’ai pas trop eu le temps de stresser. Mais un autre concurrent à côté de moi s’en prend à un bénévole de manière très désagréable : « tu vois ce scooter, ton boulot c’est de l’arrêter, pas de discuter avec tes amis ! » (en anglais dans le texte). Vraiment pas cool pour le bénévole (qui discutait peut être effectivement, je n’ai pas regardé), qui ne pouvait pas faire grand-chose à part risquer de se faire défoncer par le scooter…

Je passe à la mi-parcours en 1h23m19 officiel. J’ai mon temps sur ma montre, mais je ne « réalise » pas. Si je continue sur cette allure, ça ferait du 2h46 au marathon… Par contre, je commence à me rendre compte que les km sur ma montre défilent plus lentement que ceux sur les panneaux. Donc je sais que ce sera à la fin quelques minutes de « gagnées » par rapport à mon chrono montre

Le 4ème tour je commence à rentrer dans le dur, mais l’allure tient, vers 4’15/km. C’est vers ce moment que je perds ma lucidité, et que je ne me concentre plus sur ma technique de course, mais de plus en plus sur le chrono. Chose que je ne devrais pas faire mais bon, j’étais plus lucide je vous dis.

Je me dis que je suis quand même en train de faire une super course à pied, je dois quand même être en train de reprendre du monde ! Je double à ce moment un pro, enfin un ! A ce moment, je pense que j’en ai déjà doublé d’autres sans m’en rendre compte, et effectivement, j’en avais doublé un autre quelques km avant, qui était en train d’exploser. Il y a un bon différentiel de vitesse, et je me dis : «allez, c’est parti ! je suis de retour dans la course ». J’en double encore un autre, mais je suis plus assez lucide pour me dire qu’il avait peut-être un tour d’avance, ce qui était le cas.

Par contre, je double pas mal de féminines pros (je leur prends un tour), dont la 3ème avec vélo accompagnateur, c’est toujours bon pour le moral ! Il y a beaucoup de monde sur le parcours (les gens du half ont laissé place aux gens du full), et beaucoup d’encouragements, c’est top. Le soleil a commencé à revenir, et du coup sur les premiers tours, j’ai même eu chaud ! Mais après les nuages sont revenus et on a eu la température idéale pour perfer.

Au début du 5ème tour, ça y est, les mauvaises pensées m’envahissent. Nicky à chaque tour me disait que j’en reprenais plein (ou plein de temps), mais les infos étaient flous, et je n’y tiens plus, je lui demande combien je suis. Elle me répond entre 10ème et 14ème. Je ne me souviens plus si j’étais déçu ou pas, mais je me dis que le top 10 est grave jouable. J’entends néanmoins le speaker annoncer que le 1er va peut-être battre le record de l’épreuve, sous les 8h. Je pense que c’est Wurf, mais c’est Kovacic qu’on annonce. Bon, au moins ils ne m’ont pas pris 2 tours d’avance…

Mais je lui fais quand même signe que je suis cuit. C’est de plus en plus dur de trouver la force de m’alimenter et boire, mais je me force. Elle me dit qu’il y en a devant pas très loin. J’essaye de me rebooster, mais je suis rentré en mode « survie ». Je ne suis pas au fond du gouffre, car je continue à regarder mon chrono, et essayer de calculer mon temps d’arrivée. Contrairement à Vitoria, où je me fixais comme objectif du 5’/km sur la fin, je me sens assez fort pour rester à 4’30, et je vois bien que j’ai une chance de faire un gros chrono, en dessous de 2h55.

Ce 5ème tour est parcouru entre 4’20 et 4’30, et je réussis encore à faire tous mes km sous 4’30. Ca fait belle lurette que je regarde plus mon cardio. D’ailleurs, au bout de 10km il a commencé à déconner et à m’afficher du 170bpm. Mais ensuite il est revenu à la vie et je peux constater après coup que je suis resté entre 140 et 145 toute la course. Une petite victoire, ça veut dire que je n’ai pas eu de gros coup de mou où le cardio descend vers 130.

A l’arrivée du 5ème tour, on annonce le 5ème de la course et je le vois franchir la ligne, il a donc 1 tour et une minute d’avance sur moi. A ce moment, j’aurais dû comprendre que le top 10 ce serait chaud, si le 5ème a 30min d’avance, mais j’y crois encore.

Plus qu’un tour, Nicky me dit qu’il y en a un à aller cherche à 2min. 2min ça me parait énorme, alors que sur une fin de marathon d’IM, si l’autre n’est pas bien, ça peut se rattraper en 3-4km. J’essaye de garder un bon rythme, mais je fais mon 1er (et seul) km au-dessus de 4’30, en 4’31. Ensuite ça redescend, même si je n’arrive pas à repasser en mode warrior, je continue à subir, mais j’essaye de garder une bonne foulée, et j’y arrive à peu près (en 4’20 environ).

Je double un pro en perdition en train de marcher, trop bien ! Malheureusement, je suis en train de lui prendre un tour, et il abandonnera un peu plus loin.

La délivrance... Mais pourquoi on fait ça ???

Je passe la ligne d’arrivée, je lève les bras, car je pense quand même avoir fait une très bonne CAP et avoir réussi à rentrer dans le top 10. Mais je sais pas, et je vais voir Nicky après, et lui demande combien je suis. Gros coup de massue quand elle m’annonce 12ème. Je pensais vraiment avoir fait tout ce qu’il fallait pour aller en chercher quelques-uns et intégrer le top 10. Mais non, ils avaient beaucoup d’avance, et la plupart ont bien couru aussi. Le lendemain, je ne suis même plus 12ème mais 14ème,, après correction de certaines puces j’imagine, et même 15ème, car un GA termine devant (celui qui m’a doublé en vélo, qui a bien couru en 3h derrière, et fini 9ème au général en 8h37, donc gros gros niveau quand même)

Je cours en 2h52m04s, soit à 2s près mon record au marathon « sec », établi à Castellon début 2017. 4ème temps, à 8m30 (!) d’un Kovacic « on fire », mais seulement 1m30 derrière le 2ème temps. Le problème, c’est que tout le monde a bien couru. Sur les 15 devant à la pose du vélo, aucun abandon, et aucune grosse explosion. Je reprends juste 2 personnes qui ont couru pas énorme (mais pas ridicule non plus, en 3:08 et 3:19). Mais après, il y a 7 sub-3, et les 6 autres sont entre 3:05 et 3:10. J’avais perdu trop de temps en vélo pour espérer les revoir avec des chronos comme ça en CAP.

Pour en revenir à mon chrono, 2h52m04 donc, mais environ 41,6 à mon GPS (41,2 réel). Sur Strava, d’autres ont un peu plus, difficile de savoir vraiment la distance exacte (c’est d’ailleurs toujours hyper frustrant, à quand des triathlons officiellement mesurés ???), mais ça ferait un marathon réel en 2h55-2h56. C’est donc mon premier « vrai » sub-3, et sans le moindre doute.

Après la course, j’étais très très déçu de mon chrono (8h49) et de ma place (14ème pro), mais le gros point positif de la course c’est quand même ce temps CAP. Je ne suis pas au niveau des meilleurs, ne rêvons pas, mais 4ème temps, pas très loin du 2ème, sur une course avec un niveau quand même pas dégueu, j’en suis très content et très fier.

Mes temps au tour reflètent ma lente décélération mais montrent également que je n’ai jamais eu de « sursaut » comme j’arrive généralement à avoir sur les derniers km. J’ai tout donné quoi :

27m12 / 27m42 / 28m25 / 29m04 / 29m40 / 30m07

Soit environ 35s de perdu par tour, soit un chouilla plus de 1s de perdu à chaque km par rapport au km précédent (et donc le dernier km 42s moins vite que le 1er). Je perds 5m30 entre les 2 semis. C’est pas mal, mais idéalement, faudrait que j’arrive à le réduire encore un peu.

J’échoue à 7m30 de la 10ème place. Beaucoup et peu à la fois. Clairement je n’ai pas bien nagé, et perdu 2-3 min dans l’affaire, mais c’est en vélo que les dizaines de minutes se sont envolées ! Ya pas de secret, va falloir continuer l’entrainement pour essayer de réduire encore le fossé me séparant du niveau des pros en vélo. Je retiendrai ma belle CAP, et j’espère l’année prochaine la combiner avec une meilleure nat, et surtout un meilleur vélo, pour aller titiller le beau monde devant, et me rapprocher des 8h30.

 

Oh la ! J’allais presque oublier l’anecdote la plus marrante. Après la course, je regarde ma montre, et je constate avec étonnement que ma vitesse a vraiment beaucoup chuté sur les 28 derniers km, à 32km/h. Même avec vent contre ou de coté sur la plupart du tour, ça ne fait vraiment pas rapide. En rejoignant mon vélo, je m’attends presque à constater qu’un patin de frein frotte (j’avais du mal à dire si j’espérais ou pas le trouver dans cet état J). Mais non, les patins sont centrés nickel, tout va bien, je prends mon vélo. Ah non, tout ne va pas bien, le pneu de devant est complètement à plat ! J’enlève le silex et regonfle : ca tiendra environ 30min avant d’être de nouveau à plat. Bon, donc j’ai crevé sur la fin du parcours, mais je ne sais pas quelle incidence ça a pu avoir sur ma performance. En analysant les différents segements, on peut voir une nette baisse de vitesse sur le dernier segment entre les 2 tours (36,6km/h au 1er tour contre 32,5km/h au 2ème) qui s’accompagne d’une baisse de puissance, mais qui n’explique pas la baisse de vitesse (239w 1er tour, 211 2ème tour). Le vent s’est peut être levé, ou alors je me suis un peu désuni et ma position est devenu moins aéro, difficile de tout mettre sur le dos de la crevaison ! Surtout que sur strava, en me comparant aux autres pros, et avec les splits de l’orga, je n’observe pas une nette dérive sur les derniers km. Donc cela a dû jouer en ma défaveur, mais difficile de dire si c’était de l’ordre de quelques dizaines de secondes ou de quelques minutes. En tout état de cause, pas plus de 2-3min grand max. Cela m’aurait quand même permis de ne pas me faire rattraper par la 1ère féminine et de reprendre un autre pro arrivé 1min devant moi, ça m’aurait aidé niveau moral !

 

 

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