Victoire à l'Occitaman XXL !

Publié le par benji-triathlon

Allez, pour le dernier CR de l’année, je me remets à l’écriture !

Après une saison bien remplie, j’avais prévu de faire une distance ironman en septembre, pour cloturer la saison.

J’ai attendu jusqu’au dernier moment avant de me décider, car je ne savais pas comment j’allais réagir mentalement et physiquement après le championnat de France fin aout.

Mon bon résultat là-bas m’a donné le petit coup de boost mental pour réussir à prolonger encore la saison 3 semaines, pour m’aligner avec envie sur une dernière épreuve.

J’ai choisi l’Occitaman plutôt qu’une épreuve Challenge (Almere comme l’année dernière, ou Madrid), surtout par commodité : ce n’était pas loin de chez moi, je pouvais loger chez des amis. Mais aussi parce que dernièrement, j’en ai un peu marre de finir à « d’obscures » 15ème ou 30ème place parmi les élites sur des épreuves internationales très denses, alors que je me disais que je faisais des supers courses. Donc cette fois-ci je me suis lancé sur une épreuve régionale, dans le but de faire un beau chrono, mais aussi de le gagner (rien que ça…).

 

Je suis assez confiant sur mon niveau en natation et en vélo, mais j’ai quelques doutes à pied. On n’a pas vraiment fait de gros volume, ni de prépa vraiment spécifique ironman. Je pense que je vais réussir à partir vers 3’55/km, mais je ne sais pas trop ce qui va se passer arriver le 30ème km. J’espère que ce sera suffisant !

 

L’Occitaman a des distance un peu bizarres : 174km de vélo et à peine 39,8 à pied annoncées. Même si le parcours vélo est vallonné (1700m D+ annoncé), lors de ma reco (en voiture…) il y a quelques semaines, ça me parait au final assez roulant. Je m’imagine tenir au moins 35km/h en vélo, et j’espère proche des 2h45 à pied, avec 1h à peu près dans l’eau, ça me faisait espérer un sub-9 « facile », le but étant de réussir à faire un « vrai » sub-9 en prenant en compte les km manquants.

 

Les derniers jours je fais le plein de repos, je reste tranquille chez mes amis. Je n’ai jamais été aussi serein avant un ironman. Pas de pression, je suis sûr de ma force. Le seul truc qui m’angoisse c’est l’ennui mécanique, et surtout la crevaison. Je ne veux surtout pas abandonner, et je me dis que même en m’arrêtant 1 ou 2 fois pour réparer, je peux rester dans la course, alors j’essaye de prendre toutes les précautions : liquide préventif à gogo sur mes nouvelles roues tubeless, et en particulier la HED, que je teste pour la première fois en compétition, en remplacement de ma Zipp en boyaux ; je prends 2 chambres à air et un kit de réparation, plus un outil multi-fonction « just in case ». Je cherche à planquer tout ça où je peux sur mon vélo, et en particulier sur ma selle, à l’arrière : ça passe, ça me gène pas tellement je suis en avant sur ma selle !

Je prends aussi la décision de partir avec 2 portes-bidons normaux plutôt qu’un porte bidon aéro, pour pouvoir changer de bidons plus facilement, et ne pas risquer de deshydratation, surtout qu’ils annoncent bien chaud.

Bref, j’essaye de prendre toutes les précautions, quitte à avoir quelques kg à transporter en plus, et être un peu moins aérodynamique.

 

Le jour du départ, j’ai l’habitude maintenant (c’est le 9ème), mais 4h du mat’, ça pique quand même. Au parc à vélo, ambiance bon enfant, il ne fait pas trop froid, c’est nickel. C’est juste qu’il fait nuit, et plus l’heure du départ approche, plus je me dis qu’on va nager en pleine nuit ! Je discute un peu avec mon voisin quand il me dit :

« mais, t’as pas un blog, toi ? »

« euh, oui »

« tu t’appelles comment ? »

« Benjamin Féraud »

« ah oui… je me rappelle, t’as fait un podium au Frenchman. Mais t’es pas un pro en fait ? »

Bon, là ça devient gênant… J’explique donc que non, je ne suis pas pro en sens littéral du terme (j’empoche très peu de primes, et en tout cas loin d’être assez pour rembourser mes autres dépenses liées au triathlon), mais que oui, je fais quelques courses en catégorie élite.

Ça fait plaisir d’être « reconnu », mais au final j’étais plus gêné qu’autre chose !

 

Allez, on enfile la combi, on se rapproche du départ. Certains s’échauffent déjà dans l’eau. Moi j’y trempe les pieds. Elle n’est pas froide, mais je n’ai pas envie de me mouiller. Je décide de faire un échauf à sec, ce sera suffisant. Je me place idéalement sur la ligne de départ, et ça ne bouscule pas trop, on n’est pas nombreux à vouloir « jouer » devant je pense. Effectivement, il fait bien noir, on ne voit pas les bouées, et l’orga a prévu une lumière rouge sur un kayak pour nous guider. Bien pour les premiers, mais je ne sais pas comment ont fait ceux qui ont pris rapidement du retard !

Sur la ligne de départ, j’aperçois Jérôme Save. Ah, je me demandais s’il prendrait le départ, car il a été annoncé, mais n’apparaissait nulle part sur les start-lists. Je me disais que ce serait mon meilleur adversaire sur cette course, mais je savais également qu’il avait fait un half la semaine dernière, et que faire un IM une semaine après un half, c’est quand même très tendu, yavait de bonnes chances pour que ça explose, surtout à pied. J’espère néanmoins réussir à rester dans ses pieds en natation, et à faire jeu égal en vélo.

 

Je prends un super départ et me retrouve assez vite devant. On a environ 200m jusqu’à la première bouée. Je respire à droite, et je vois au début un gars un peu plus loin, mais il se rabat au bout d’un moment derrière nous, donc je n’ai personne en visu. Je donne quelques coups d’œil à gauche. Personne non plus. Bon, je dois être premier, c’est cool. Du coup, je peux poser ma nage sereinement, le lac est calme, c’est tout bon. Je suis surpris qu’il n’y ait pas de kayak ouvreur mais bon. J’apprendrai par la suite qu’un très bon nageur était devant tout du long, je ne l’ai jamais vu ! Il sortira avec presque 10’ d’avance sur moi.

Au passage de la première bouée, on tourne à gauche, et vlan ! je me prends un mec qui s’était mis sur ma gauche que j’avais pas vu ! Bon, c’est pas grave, c’est mieux même, je peux me caler dans ses pieds. Je nage comme ça 1 ou 2’, jamais très simple de bien rester dans les pieds. Je lui touche légèrement les pieds sur 2-3 mouvements de suite et BAM ! je me prends un bon coup de pied dans le cou ! Ah d’accord, j’hallucine. Ça ne m’était encore jamais arrivé, et je me dis que le gars est grave, je lui touche à peine les pieds que déjà je me prends un bon coup. Heureusement plus de peur que de mal, mais si je le prenais dans l’œil ou dans le nez, ça aurait pu être bien pire. Du coup, je ne prends plus de risques : il ne veut pas que je nage dans ses pieds, c’est pas grave, je me décale. Je ne nage pas moins vite, et j’aperçois encore la lumière rouge pour me guider.

Bon, au final, j’ai vu que le gars s’arrêtait souvent pour remettre ses lunettes ou je ne sais pas trop quoi, donc il n’est pas impossible que le coup de pied soit involontaire. Mais comme c’est venu juste pile au moment où je lui ai chatouillé les orteils, je me dis quand même qu’il savait très bien ce qu’il faisait (et que ce n’était vraiment pas cool). Pour rappel, on a le droit de nager dans les pieds, et en général, toucher un peu les pieds de temps en temps, c’est considéré acceptable. Ya pas de règles précises, mais donner des coups de pieds intentionnels, je trouve ça complètement disproportionné comme réponse à une petite gêne non intentionnelle.

 

Bon, je continue comme ça, à peu près côte à côte avec l’autre. Je ne reconnais pas Jérôme Save, donc je me dis qu’il doit être derrière, c’est nickel. Sur la fin de la première boucle, il prend une dizaine de secondes d’avance sur la sortie à l’australienne. Je n’essaye pas de m’accrocher, de toutes façons, je prendrai de trop gros risques à nager dans ces pieds, je sais pas de quoi il serait capable, donc pas la peine de se décarcasser pour réussir à le tenir.

Je sors de l’eau 3ème à la première boucle donc, une dizaine de secondes derrière le 2ème, et une dizaine de secondes devant 2 nageurs derrière, dont Jérôme, car j’entends le speaker l’annoncer. Et le 1er est loin (mais à ce moment je ne le sais pas, je me crois 2ème juste derrière le 1er)

Je le garde quand même en point de mire, et c’est là que je vois qu’il s’arrête de temps en temps et fait quelques mouvements de brasse. Il doit avoir du mal à se diriger. Le jour s’est levé, on arrive à voir, mais la lumière rouge a disparu.

Après la 2ème bouée, on doit continuer tout droit pour aller chercher celle la plus lointaine, mais mon poisson-pilote tourne à gauche pour aller chercher directement la 4ème. Je ne réfléchis pas et le suis, même si j’ai quand même un petit doute. Au bout d’un certain temps (difficile à dire exactement combien), je vois qu’un kayak nous fait des signes, et je comprends assez vite heureusement qu’on s’est planté, et je pique à droite pour aller chercher la bonne bouée, alors que j’entends l’autre raler. Pour moi, c’est fait, c’est fait, faut se remettre dedans. Je vois les 2 autres loustics qui nous sont passés devant, et j’accélère un peu en me disant que c’est encore jouable de les reprendre. Mon compère a l’air de se « laisser aller » après cette erreur de parcours, car je ne le reverrai pas. J’ai l’impression de me rapprocher des 2 devant, mais de caler à 200-300m de la ligne, et je sors donc 4ème, à 30s de Jérôme, et à 15’’ de son compère qui a du ralentir un peu sur la fin. Un peu rageant car ça me fait jouer au chasseur sur la fin, alors que j’avais la natation bien en main.

Temps natation officiel 1h01m06 et j’ai perdu entre 30’’ et 1’ je pense avec mon erreur d’aiguillage.

Je fais une transition pas trop mauvaise, même si ma combi se bloque aux chevilles un peu, je fais quand même le 2ème meilleur temps, à 1 seconde de Jérôme.

Je sors donc du parc à 30s de lui, avec l’autre, que j’ai rattrapé pendant la transition, et je demande à pas mal de gens ma position pour être bien sûr. Ils me disent pour la plupart 3ème, et j’entends le speaker dire que nous partons en chasse du 1er 10min devant. J’hallucine un peu mais au moins je le sais.

Le début du parcours est bien casse gueule, il y a des énormes dos d’âne bien méchants. Mon compère perd direct son bidon sur l’un d’eux, et moi je manque de me casser la gueule, car en plus je n’avais pas encore les pieds dans les chaussures. Bien que ce fussent des dos d’âne amovibles, l’orga avait fait exprès de les laisser pour nous forcer à ralentir et faire attention à d’éventuels promeneurs/enfants/chiens qui traverseraient la route. Perso j’ai trouvé que le remède était bien pire que le mal. Je ne sais pas s’il y a eu des chutes à cause de ces dos d’âne, mais le contraire m’étonnerait !

 

Je me retrouve donc en chasse de Jérôme, et je suis tiraillé entre l’envie de recoller et de ne pas le laisser prendre trop d’avance, et le fait de devoir gérer seul ma course et ma puissance. Je vois en plus que malgré une puissance légèrement trop élevée, je reprends très peu sur lui, alors que cette portion de plat m’est plutôt favorable, avant les coteaux et les bosses, où Jérôme devrait être plus dans son élément.

Il y a beaucoup de rond-point dans cette partie, et je vois très mal les indications au sol, qui sont en plus marquées au dernier moment. Du coup, je crie pas mal à chaque fois qu’on m’indique où aller, et au bout de quelques rond-point, ce qui devait arriver arriva : je me plante de sortie. On me crie tout de suite dessus, donc je peux m’arrêter faire demi-tour, repartir, mais ça m’énerve, je revenais doucement sur Jérôme, et là je vais me retrouver à plus d’une minute. J’essaye de faire des pointages réguliers et je navigue effectivement autour de la minute. J’essaye encore plus d’avoir les informations des bénévoles à chaque croisement pour ne pas me tromper, c’est un peu stressant. Heureusement il y en a beaucoup, mais ils n’ont pas l’air de se rendre compte de ce que j’attends d’eux, et j’ai beaucoup d’applaudissement (c’est déjà bien J ) mais peu d’indications.

Je sens que je n’avance pas hyper vite, et en plus je me fais surprendre par le 1er ravito. Je n’ai pas eu le temps de vider et de me débarrasser de mon bidon. Du coup j’en chope quand même un, mais la zone de propreté (où j’ai le droit de jeter les bidons) s’achève à peine quelques mètres après la fin du ravito, je n’ai pas le temps de réfléchir, faut que je me débarrasse de ce bidon tout de suite. Je prends quelques gorgées et j’aperçois un enfant sur le bord de la route, et je jette mon bidon là. OK c’était pénalisable car en dehors de la zone de propreté, mais dans l’esprit, je me dis que j’ai rien fait de mal. On était en plus à peine 20m après le ravito, et en général les zones de propreté s’étendent sur 40-50m pour permettre justement aux athlètes de changer les bidons et les jeter.

Le parcours consiste en 1 aller de 35km environ, puis 2 boucles de 51km, et le retour de 35, pour 174km.

La première partie étant la moins vallonée, j’espérais arriver au début de la boucle en moins d’une heure, mais finalement ça me prendra plus d’1h05. Je me rends alors compte que le vélo va me prendre bien plus que les 4h55 espérés. Heureusement j’avais pris du rab de bouffe, pour 5h20 environ, mais même ça ça risque d’être juste. Je me rassure en me disant que personne ne m’a doublé, et Jérôme s’est un peu éloigné mais reste à 1 ou 2’. Je commençais à me dire sur la première partie que j’allais perdre plus de 10’ sur lui, car il a creusé un écart de 1’ assez vite, mais finalement je suis revenu petit à petit sur lui, et je n’ai pas perdu grand-chose en 35km.

Je reprends à ce moment le bon nageur, et me voilà vraiment 2ème, avec mon principal adversaire 1 à 2’ devant.

Je suis toujours au-dessus de ma cible, mais je me dis que ça passera peut-être, tant pis ! On commence les longues successions de bosses/faux-plat/descentes/et heureusement un peu de plat. Je ne vois plus Jérôme devant, je suis seul, mais ça me va bien, pour gérer mon effort. Je commence quand même à trouver le temps long, et on n’a pas encore fait la moitié.

Vers le 80ème, je trouve sur le parcours tous les concurrents du L. Ils partaient 2h après nous, et j’espérais réussir à finir la 1ère boucle avant que les premiers du L n’arrivent, mais il fallait que je roule à 35km/h environ, et j’en suis loin. Je me retrouve donc avec pas mal du gars du L, et ça me saoule déjà car je dois gérer les écarts pour ne pas prendre de cartons. Ils me doublent sur les montées, mais dès qu’il y a un peu de prolongateurs, je les reprends tous, et je suis tranquille, avec juste quelques uns devant. On arrive à la bifurcation où nous on doit aller tout droit, et les L doivent tourner à droite pour faire une boucle plus petite. La première fois que j’étais passé, je m’étais dit que vraiment c’était mal indiqué, avec peu ou pas de panneaux pour indiquer où aller. Je me souviens du 1er tour donc je n’hésite pas et je fonce tout droit, mais j’en aperçois du L qui sont en train de faire demi-tour sur le chemin du XXL, et j’en vois un qui n’a pas du attendre et qui part sur le mauvais parcours. Je me dis que si je le rejoins je lui dirai, mais au final je ne l’ai repris qu’à la fin de la boucle, trop tard pour lui dire. Je ne sais toujours pas s’il s’est rendu compte de quelque chose !

J’arrive à la fin de ma première portion de bonbons ravitos, ceux que j’avais réussir à ranger dans ma boite sur mon vélo. J’avais préparé un sac avec le reste du ravito, que j’avais mis dans ma trifonction avant de prendre le vélo. Il est temps de faire du rangement. Lors de la prochaine bosse, je m’y attèle, ça me prend une minute environ, pour réussir à tout transvaser sans en perdre, car je sais que je suis limite en nutrition, je ne peux pas me permettre d’en perdre. Au menu toujours les bonbons « gums » que j’arrive à mâcher plus facilement, et depuis Levezou, j’incorpore aussi des Haribo croco, qui ont quasi la même composition (avec quand même moins de sodium). Il me reste encore plus de 80km, et je commence à craquer.

On m’annonce encore à 2’ ou pas loin de Jérôme. J’essaye de ne pas trop faiblir, mais je vois que je n’y arrive pas. En plus, je commence à être en galère de boisson ISO, car sur les 7 ravitaillement prévus, seuls 4 en ont de prévu, et le dernier que j’ai choppé était de l’eau. Je vais donc finir avec pas mal d’eau, c’est mieux que rien, mais moins bien que de l’ISO pour moi. Je me force à boire depuis le début, mais je n’ai pas fait pipi depuis la fin de la nata (oui, j’avais réussi à me soulager 1’ avant de sortir de l’eau J), je commence à me dire que je vais peut être encore finir deshydraté !

Les 35 derniers km sont longs, il y a pas mal de parties en position CLM, mais ça commence à devenir pénible, je me force quand même. En plus, j’ai retrouvé tous les concurrents du L, mais c’est plutôt le milieu/fin du classement, donc en général je vais plus vite et ne risque pas le drafting. Je double même un concurrent du XXL qui a du s’égarer ou abandonner pour être sur cette partie-là ! A un moment sur une patte d’oie, je suis derrière un groupe de 4-5 coureurs, et ils prennent la voie de gauche. Echaudé par ma première erreur et voyant que le parcours est globalement pas très bien indiqué, j’essaye de trouver une trace au sol qui pourrait m’indiquer la voie à suivre, et juste au moment d’emprunter la voie de gauche, je vois 2-3 petites flèches rouges qui indiquent à droite. Plutôt que de freiner et faire demi-tour, je continue, en me disant que quand même les 4 mecs devant savent ce qu’ils font, mais bien décidés à scruter le sol au prochain embranchement pour m’assurer. Un rond-point arrive vite, je vois que les mecs devant ne se sont pas arrêtés, et je ne vois rien au sol, et aucun bénévole. Je fais demi-tour et remonte la cote, et je me remets dans le bon chemin. J’ai regardé sur mon Garmin, environ 1m50 de perdus dans l’affaire, et 1m50 de plus donc sur le vélo, ce qui à ce moment, me parait très long !

Un ami bénévole m’avait indiqué environ 5’ de retard sur Jérôme à 30km de l’arrivée. Ca y est, l’hémorragie a commencé ! Je me dis qu’il faut que je pose avec 7-8’ de retard, 10’ max, pour pouvoir le reprendre à pied. Mais difficile de me remettre dans le rythme, je n’ai plus de force, et je fais le max pour ne pas perdre plus de temps, en attendant la CAP !

La fin de course est interminable, en plus on emprunte un chemin différent de l’aller, des petits chemins vraiment dégueux (alors que je suis habitué aux routes béarnaises, mais là c’était pire !). Finalement, on arrive à l’entrée de la base de loisirs, je suis un peu pris par surprise, je pensais qu’il restait encore 5’, c’est un énorme soulagement ! J’arrive à peu près à sauter les dos d’anes cette fois-ci, et je peux poser enfin le vélo.

Je gueule comme je peux (désolé) pour qu’on me montre bien le chemin, car il y a 2 parcs à vélo (ou pour le L, un pour le XXL), et comme j’arrive au milieu des L j’ai peur qu’on m’indique le mauvais parc, donc je crie « XXL !? » à tous les bénévoles J. Et ça marche, je trouve le bon chemin, hourra !

 

Coté vélo, un peu déçu, car je n’ai pas réussi à rester avec Jérôme, et au final je perds 8m40 sur lui (plutôt 6m30 si on enlève mes erreurs de parcours). J’aurais aimé faire la course en tête sur le vélo, mais je n’en étais pas capable. J’ai tenu 3h à bonne puissance avant de m’écrouler les 2 dernières heures (-10% en puissance à peu près, mais surtout presque 4’ de perdu sur Jérôme dans les 60 derniers km contre 2m30 sur les 115 premiers km)

4ème temps vélo seulement, et environ 33,7 km/h, très loin donc des 35-36 km/h espérés, mais j’avais nettement sous-estimé la difficulté du parcours.

Au final, je tiens à peu près la même puissance normalisée qu’à Vittoria et Almere, mais puissance moyenne plus faible (l’effet des bosses), et je roule entre 30 et 40’ de plus quand même que sur ces IM où j’ai posé en 4h40-4h50. Au final, en prenant en compte l’avantage d’avoir pu me mettre sur les cocottes plus souvent, mais le désavantage de rouler plus longtemps, c’est à peu près similaire à ces 2 courses de l’année dernière. Un peu déçu, car il me semblait que j’étais plus fort en vélo cette année, mais en même temps on a surtout préparé des halfs cette année, alors que l’année dernière était surtout orientée IM.

 

Je n’entends pas l’écart sur Jérôme, je prends casquette et gels et j’y vais. J’ai pris 6 gels avec moi, car je ne veux pas dépendre de l’orga. J’avais demandé s’ils avaient des gels, ils m’avaient répondu « oui », mais rajouté qu’ils en avaient commandé 600, ce qui leur paraissait beaucoup, mais si on compte 200 concurrents sur le XXL et plus de 500 sur le L, ça fait même pas un par personne, je me dis que les concurrents du L auront tout pris lorsque j’arriverai. J’ai donc prévu 6 gels à prendre tous les 6km environ, et coca/eau pour le reste.

Je me sens pas trop mal, mais le premier km n’est pas très rapide (4’17). Je me dis que le sub-3 est déjà mort, comme le sub-9h, me reste la victoire, ça deviendra mon unique objectif. J’arrive à me motiver en me disant que 2ème j’en ai rien à faire, c’est premier que je suis venu chercher. Je n’ai donc même pas les pensées négatives qui me prennent souvent et qui me poussent à me satisfaire de ce que j’ai déjà. Là, je suis concentré tout entier sur rattraper Jérôme dès que possible.

Je me sens pas super, je suis pas super rapide, mais je me dis que ça doit être au moins aussi dur pour lui. En plus, je me suis arrêté un peu au ravito, donc premier km en 4’17 c’est pas si mal. Mon cardio est plus haut que ce que j’espérais, il navigue entre 145 et 148bpm. Déjà sur le vélo, il était vers 145bpm, alors que j’espérais rester en dessous de 140bpm.

Bref, je suis entamé, mais c’est normal, il faut y aller maintenant ! J’avais prévu de rester concentré sur ma technique de course, mais finalement je ne le fais pas du tout. Je ne pense pas à grand-chose.

Finalement, l’allure de baisse pas trop, reste aux alentours de 4’10/km, et j’aperçois les supporters qui m’attendent vers le 3ème km. Ça fait du bien, et ils me donnent les écarts : 7’ sur Jérôme. Je grimace un peu, et Val essaye de m’encourager en me disant «  t’inquiète pas, il va exploser, reste concentré sur toi ». Mais je me suis décidé, mon plan de course est de le rattraper le plus vite possible, puis accélérer pour l’écœurer, et gérer la fin du parcours.

Je continue comme ça, et à partir du 8ème, je suis hyper attentif, car je sais que le parcours bifurque à droite pour nous, et à gauche pour ceux du L, et j’essaie de pas le louper. Ça va on m’indique bien, et je me retrouve enfin seul sur le parcours où il y a seulement les XXL qui courent. Une bénévole m’indique un retard de 3’ sur le premier ! C’est bon ça, je reviens à vitesse grand V, j’espérais reprendre 3-4’ par tour, et j’ai repris 4’ en 5-6km. J’essaye de pas m’enflammer en me disant que peut être elle a fait une erreur. J’arrive sur une portion un peu à découvert et au moment de tourner à droite pour faire un aller-retour jusqu’à un ravito au loin, je vois Jérôme et le vélo ouvreur qui revient. Et là j’entends Pauline qui m’a aperçu et qui commence à m’encourager, je dois avoir dans les 2-3’ de retard, et je commence déjà à me dire que ça sent bon la victoire. Un peu présomptueux à près de 30 km du but…

Mes amis m’encouragent, même les bénévoles disent que je cours mieux que le premier. J’essaie de sourire, sourire aux supporters, j’ai même réussi à dire bonjour à Pauline ! Ça me permet de sortir un peu de mon inconfort, de s’ouvrir aux autres, ça fait toujours du bien.

Je termine le premier tour, un peu déçu que le speaker ne me voit pas pour annoncer que je reviens comme une balle !

Je vois Jérôme, il s’arrête au 1er ravito, je n’ai plus que 15s de retard, je prends quand même le temps de me ravitailler, puis je fonce et le double, sans un regard, sans une parole. Pas cool ? Ouais, peut-être, mais à ce moment, le but du jeu est de faire en sorte qu’il n’essaye même pas de s’accrocher. Je rejoins le vélo ouvreur, qui hésite un peu, et je finis par lui lâcher : « c’est moi le premier » !

Mais du coup j’ai encore accéléré depuis que je l’ai aperçu, et le cœur s’est emballé, il est vers 148-150, je ne pourrai jamais tenir cela. J’essaye donc de baisser un peu le rythme une fois que je pense avoir pris suffisamment d’avance pour qu’il ne me voit plus. Je passe ce premier tour en environ 4’13/km GPS, ce qui est moins rapide que ce que j’espérais (plutôt 4’ à 4’05/km), mais compte tenu des circonstances (vélo long et difficile, chaleur, et parcours pas forcément très rapide avec quelques mini-bosses mais surtout des passages dans les bois qui nous font réduire l’allure. D’ailleurs dès qu’on est sur des lignes droites asphaltées, je retrouve une vitesse de 4’05-4’10/km), n’est vraiment pas si mal.

Val me dira d’ailleurs qu’en regardant les pointages et voyant que j’ai pris quasiment 7’ sur tout le monde sur ce premier tour (pas tout à fait vrai au final mais bon), il avait peur que j’explose et me poussait à ralentir J.

Je revois mon fan club, qui sont à fond de me voir arriver en première position. Je tape dans les mains, mais je commence déjà à me dire que la fin va être difficile.

Je continue à essayer de bien m’hydrater, bien m’alimenter. Je suis surpris de voir encore très peu de dossards rouges sur la course (ceux du XXL).

Au 25ème km environ, je recroise les amis, qui me disent que j’ai beaucoup d’avance sur le 3ème. Je demande un écart par rapport à Jérôme, et il m’informera quelques km plus tard qu’il est déjà à 15’. « Bon, c’est gagné, quoi », je me permets de dire.

Je finis le 2ème tour (sur 3), et le speaker ne me reconnait pas, et mets bien 20s et annonce « le premier de la course XXL », avant de trouver mon nom dans la liste des partants…

1km après la fin du 2ème tour, je sais pas trop ce qui se passe, je ne lève pas assez mon pied, et je m’accroche à un truc, et je perds l’équilibre. J’arrive à faire un roulé-boulé dans l’herbe, et j’en suis quitte pour quelques égratignures et un hématome au poignet, mais je peux repartir illico. Ca aurait été con de s’arrêter sur ça…

C’est cool de courir avec le vélo ouvreur, j’ai plein d’encouragements, et beaucoup me disent que je cours super bien.

Je commence néanmoins à sérieusement ralentir, et je commence même à calculer si je pourrai marcher. Mais je me rends compte que c’est pas possible, et je chasse cette idée. Je fais quelques km autour de 4’50 et même 5’, et ça m’énerve un peu de pas réussir à courir plus vite. Difficile de vraiment se motiver, je sais que j’ai course gagnée facile. Mais en même temps, j’ai envie de marquer le coup, de créer l’écart, et si possible de passer sous les 3h, même si je sais que le parcours est bien tronqué d’au moins 2km. Je réussis donc à relancer, et les km en 5’ sont surtout dus aux passages difficiles en montée ou en forêt, ou aux arrêts un peu plus longs au ravito où je m’asperge copieusement d’eau, et bois beaucoup, pour ne prendre aucun risque de surchauffe ou déshydratation.

Je regarde ma montre et je vois que même en finissant à 5’/km, je devrais finir en 2h55. Et finalement j’arrive à relancer et à passer quelques km en 4’30 voire moins.

Vers le 35ème km, au dernier passage dans les bois, ma montre perd le signal GPS, je ferai les 5 derniers en aveugle, en essayant de ne pas faiblir. J’ai même l’impression d’avoir un petit regain de forme. Mais je scrute quand même au loin pour apercevoir la ligne d’arrivée et la délivrance. Il manque quelques centaines de mètres, et le speaker commence à m’annoncer. Je double un concurrent du L, et il commence à s’accrocher. Attends, tu vas pas me voler mon moment, quand même ??? J’en remets une couche pour passer devant et faire les 100 derniers mètres en profitant des applaudissements du public.

Ligne d’arrivée, j’ai le droit de prendre la banderole, de la soulever (comme un pro, quoi J), et je tombe dans les bras de Val, tout gluant et puant que je suis !

9h11m24s, bien loin des sub-9 espérés, mais première place assurée !

Bilan de cette course à pied : 2h50 , 12’ devant le 2ème temps, 21’ devant le 3ème, et plus de 30’ devant le 6ème. Bref, j’ai creusé de gros gros écarts sur cette CAP. Même si je n’ai pas l’impression d’avoir été hyper bon, finalement j’ai peu faibli, et si on prend en compte le chaleur et le parcours, pas si facile que ça, je suis quand même satisfait, même si le « vrai » sub-3 n’est pas au RV. Le parcours faisait 39,9 d’après les organisateurs, mais d’après mon GPS et d’autres trouvés sur Strava, c’était plutôt du 39,2, soit 3km de moins qu’un vrai marathon. Ce qui ferait pour moi un chrono autour de 3h03m30s pour un marathon complet. Pas exceptionnel donc, et pas mon meilleur chrono, mais encore une fois, à froid, je m’en contente pleinement, et les écarts créés montrent que malgré les 39km, ce marathon n’était pas si facile. C’est quand même bien mieux qu’au Frenchman dans des conditions de chaleur similaire (mais Frenchman parcours plus simple, et vélo plus court), et assez proche de Vittoria. Ya qu’à Almere où j’avais été bien meilleur, avec un 2h55 réél environ, mais il faisait moins chaud, et ça change beaucoup.

Par contre, due à ma stratégie de course, je dérive pas mal. Peut-être qu’avec un peu plus de niaque, ou si j’avais été un peu plus à la bagarre, j’aurais pu enlever 1 ou 2’ à mon dernier tour, mais ce n’est pas bien grave.

1er tour en 54’

2ème en en 56’

3ème en 1h

Et encore un petit article dans le journal local, ça ne se refuse pas :-)

 

Je savoure pleinement cette victoire. Je suis content d’avoir montré ce que je valais, d’avoir partagé cela avec mes amis, et de gagner sur distance IM. Ça n’arrive pas tous les jours, et même si c’est une petite épreuve avec 225 inscrits, c’est quand même une victoire. Et avec la manière, car grâce aux différences que j’ai fait en course à pied, je crée au final de gros écarts : 29’ sur le 2ème, 42’ sur les 3-4-5ème, 45’ sur le 6ème, et plus d’une heure sur tous les autres. Il n’y a que 5 ou 6 personnes à qui je n’ai pas pris un tour :-)

Les résultats téléchargeables ici

Je finis néanmoins cette saison bien fatigué. J’ai fait de nombreuses courses, je suis content car j’ai souvent gagné, et les saisons précédentes c’était surtout des places sur les podiums. Maintenant place au repos, il faut que je me régénère mentalement et physiquement, et je déciderai dans les prochaines semaines de quoi sera fait 2020 !

Un nouveau merci à mes partenaires cette année, Cube Bikes France pour les super vélos, Aviva Agence Nay-Monein, qui m'ont bien aidé lors de mes sinistres cette année, et nouvellement les roues HED, dont j'ai pu tester avec succès la roue pleine sur Occitaman !

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