CR du Challenge Geraardsbergen format Half - 16 juin 2019

Publié le par benji-triathlon

Et voici un nouveau CR vieux de 22 mois, Challenge Geraardsbergen (Grammont) en Belgique, le 16 juin 2019. J’avais coché cette course comme une course objectif, mais après le bon début de saison, je souhaitais prendre cette course avec un peu de recul, un peu moins de pression pour performer, afin de courir plus libéré, moins stressé.
J’ai gouté un peu à la vie de « pro », avec un homestay organisé par l’orga, et un bénévole qui doit venir me chercher à l’aéroport. La grande classe. Mais je vois également que je ne suis encore qu’un « petit » pro, car c’est avec pas mal de retard qu’on vient me chercher ;-) !
Quoi qu’il en soit, c’était quand même sympa de pas avoir à s’occuper de tout ça. Le gars qui nous accueille est un triathlète, très heureux d’ouvrir sa maison à des pros, et très fier que sa ville accueille un bel événement de ce type. Il nous aura vraiment facilité la vie ! Je dis nous, car un 2ème pro est également là, un italien, Massimo Cigana, que je ne connaissais pas, mais c’est un ancien cycliste qui s’est reconverti au triathlon et est vraiment pro et a de beaux résultats (il a gagné Alpe d’Huez, et quelques podiums sur 70.3)
Au vu de la start list très dense, je ne me fais aucune illusion pour rentrer dans les primes (les 6 premiers) quand notre hôte nous le demande, mais je vois que Massimo pense que c’est possible, et je me suis dit à ce moment qu’il devait avoir gros niveau ! 
La veille, notre hôte nous conduit au lac pour repérage, tout se passe bien, sauf que je fais un accroc sur ma combi, et ça me sape un peu le moral ! Bon, ce n’est que du matos, ce n’est pas grave. Je reconnais tout le parcours, 1900m, rien de bien particulier, c’est un A/R dans une sorte de chenal assez étroit entre 2 sortes de lac, avec des lignes d’eau tout du long. Du coup je me disais que j’allais respirer du côté des lignes d’eau pour m’aider à bien me diriger.
Je croise quelques autres pros qui s’entrainent à faire quelques simulations de départ. Ca dépote !
Petit incident, je me plante une écharde sous le pied, qui me fait un peu mal, et je vais charcuter mon pied à essayer de l’enlever, et au final j’ai du mal à marcher pied nu normalement, mais à peu près OK avec les chaussures. Ça m’a rajouté un peu de stress supplémentaire, mais le jour de la course, je n’ai rien senti, et même pas pensé.
Après une petite reconnaissance du circuit vélo avec Massimo, où je me rends compte que les routes sont pas en super état, avec des sortes de dalles en ciment , et donc tous les 5-10 mètres à l’endroit du raccord entre chaque dalle, des imperfections, et globalement ça a l’air très granuleux.
Je décide de ne pas reconnaitre le fameux Muur de Grammont, qui a fait les lettres de noblesse du Tour des Flandres, mais qui le « boycotte » depuis quelques années car la municipalité de Grammont refuse de payer le Tour des Flandres. C’est un peu la loi du plus fort : pendant des années, le Muur de Grammont a fait les beaux jours et la légende du Tour des Flandres, mais maintenant le Tour des Flandres est plus « gros » que le Muur, et peut imposer son parcours ou demander à ce qu’on paye pour avoir le Tour qui passe chez eux… Bref, yaurait beaucoup à dire sur l’économie du cyclisme, mais ce n’est pas l’endroit !
Je décide donc de ne pas reconnaitre ce Muur pour plusieurs raisons. Déjà je sais que c’est un endroit propice aux crevaisons, je n’ai pas envie de crever la veille de la course et me stresser à changer mon boyau en me demandant si je l’ai bien mis, etc… Ensuite, je sais qu’il est impossible de le faire « tranquille », donc je serai obligé de forcer quasi au max pour le monter, et c’est pas trop le moment pour faire ça. Et enfin, un peu comme à mes débuts à Roth sur IM, je voulais me garder la surprise et la découverte de ce passage mythique pour le jour de la course.
Après un plat de pates, cuisiné bien sur par Massimo, préparation des affaires pour le lendemain, dernier dodo avant la course.
La course commence très tard, 11h, donc on n’est pas obligé de se lever à l’aube, et on peut y aller tranquillement en vélo avec nos affaires, et se préparer bien à l’avance. On est vraiment large de chez large, et tout est prêt 1 heure avant. Je prends le temps de bien m’échauffer, mais je décide de changer un peu de tactique, par rapport aux dernières courses où j’étais pas très bon en natation. Je décide donc d'essayer de partir moins vite, quitte à laisser partir le bon wagon. J’avais tellement des sensations merdiques les dernières fois que je préfère perdre un peu de temps mais au moins sortir plus frais. Ca va aussi avec l’envie de vivre une course plus sereine, moins stressante. Je ne veux pas de ce stress de devoir faire un départ au taquet et d’essayer de s’accrocher à tout prix. Du coup mon echauf est moins violent que d’habitude, mais je prends le temps de le faire bien.
Sur la ligne de départ, on est appelé un à un, pour les PRO, c’est toujours sympa.
Le départ est sur la plage, qui est très large. On est beaucoup de pro, 40-50, mais même en me positionnant tout derrière, je suis quand même en 2ème ou 3ème ligne. 
Au départ, contrairement à 90% des autres, et à ce que je faisais sur les autres courses, je ne cours pas comme un dératé pour partir vite, mais « normalement », pour poser ma nage de suite. Du coup, pas d’asphyxie, et je suis quand même dans le gros du troupeau. Je ne suis pas à la rue, c’est déjà un bon point, j’avais peur de nager seul derrière ! Devant, un gros groupe se forme quand même, mais je n’ai pas cherché à faire le forcing pour rester devant. Je n’aurais pas pu de toutes façons, vu comment ils se sont éloignés très vite.
Je nage dans un petit groupe, et à la première bouée à 100-200m, je suis en 2-3ème position du groupe, et j’essaye de nager relâché. Peut-être un peu trop relâché car à un moment, je me suis fait décrocher, et j'avais en tête "pas d'affolement, tu nages ton rythme", mais quand j'ai vu au bout de 20" que je ne perdais pas grand-chose, je me suis reboosté: "tu vas pas nager seul 10m derrière le groupe pendant 2km !", j'ai mis une petite accel et je me suis recalé dans les pieds. 
J’y suis resté bien au chaud presque jusque au demi-tour, mais après je commençais à chatouiller les pieds de trop (j'étais 3ème à ce moment), et j'ai commencé à me décaler. Le 2ème a fait de même à l'approche de la bouée et on a mis un coup d'accélérateur assez franc je pense, et on s'est retrouvé à 2 de front à la dernière bouée avant demi-tour.
Le gars s'est mis sur le dos (il m'a dit après course s’être empêtré dans un fil) et je suis passé, et finalement j'ai fait tout le retour devant, mais ça m'allait, j'étais bien, je faisais l'effort d'essayer de nager droit, mais je voyais qu'on était assez loin du pack devant. J'ai pensé les voir pas trop loin à un moment, mais c'était sans doute les femmes PRO ou les AG (partis après nous) qui arrivaient de l'autre côté. En vérité ils sortent loin devant !


Sur la fin je me fais passer mais je sors 2ème du groupe, plutôt content d'une nata non maximale mais sans avoir eu l'impression de faire de la merde, comme récemment. J’aurais peut être pu gratter quelques dizaines de secondes en faisant un peu plus l’effort sur le retour, ou en étant relayé, mais bon, je suis sorti content de l’eau.
Je sors juste devant Massimo, et je suis très surpris car même s’il me disait qu’il ne nage pas beaucoup, il est quand même pro à temps plein, donc j’imagine qu’il doit y aller au moins 2-3 fois par semaine. Il me dira ensuite qu’il est revenu sur nous sur la fin du parcours, ce qui confirme mon impression qu’on aurait du/pu aller un peu plus vite sur la fin.
Au final, pas une nata de feu, quand même 4m50 derrière Pieter Heymerick, le grand favori. Mais à Salou je sortais 6m15 derrière lui quand même, et autrement plus entamé.
Donc c’était pas encore ça, mais je m’en satisfais, c’était pas la cata, et j’ai pris du plaisir à nager
Je ne fais que le 48ème temps nata (sur l’ensemble des concurrents, environ 600), donc vraiment pas terrible, et 24ème sur 31 pro… Mais bon, pour faire mieux, il faudrait vraiment des heures de plus à la piscine !
Je fais une transition honnête, c’est là que j’aperçois Massimo, et ça me donne un bon boost au moral.
A la sortie de la transition, je me fais passer par pas mal d’athlètes, dont Massimo, et je n’arrive pas à suivre, alors que je suis déjà plus haut que ma cible en puissance. Je n’avance pas très vite, et je n’ai pas l’impression de faire un super vélo. Il y a un peu de vent, mais j’ai du mal à tenir la position, à cause du revêtement dégueu, des petites montées/descentes incessantes, et des virages/routes étroites. Bref, j’ai du y rester en position aéro 70% du temps à tout casser.


Je n’ai plus assez de souvenirs pour faire un CR plus détaillé de comment ça s’est passé, mais il me semble n’avoir pas dépassé grand monde.
Sur le Muur de Grammont, c’était sympa avec beaucoup d’ambiance, mais difficile, et ça vibrait de partout, et impossible de gérer ni de regarder les watts. En gros on appuie aussi fort qu’on peut et on attend d’être arrivé en haut ! Avec mon vélo hyper rigide, j’avoue que c’était pas le mieux, et j’ai même eu peur que quelque chose ne casse, mais finalement il a très bien tenu mon Cube ;-)


Bref, je n’avais pas des jambes de feu, comme j’avais pu les avoir à Salou, et j’ai essayé de limiter la casse.
Mais clairement, c’est là que je perds le plus de temps par rapport aux meilleurs, et par rapport aux pros de mon niveau, qui finissent à +/-5’ de moi au classement final.
Pour autant, c’est pas la cata, mais je perds quand même 15’ sur Pieter Heymerick, et 4’ sur son frère, alors qu’à Salou je perdais 9’30 et quasi rien ! Après, ce sont des locaux, et les routes de Flandres sont très particulières, je pense qu’il y a beaucoup à gagner pour quelqu’un d’habitué par rapport à quelqu’un comme moi qui les découvrait pour la première fois.
Mais clairement, c’est dommage d’avoir perdu autant de temps. Ne serait-ce que 2-3’ de mieux, ça aurait été bien.


Je fais le 38ème temps tout compris, donc vraiment pas top. Après, les belges et les allemands, ce sont des brutasses en vélo souvent ;-)
Chez les pros, 24ème sur 31, comme la nata donc.
Je pose le vélo 33ème en tout, et 25ème/31 chez les pros. Ce qui explique que je me sentais un peu seul à la fin du vélo !

Je fais une nouvelle fois une bonne course à pied, et je pars motivé sur la CAP, mon point fort. Je ne me fais pas trop d’illusion, et je suis seul, du coup je reste hyper concentré sur moi-même.
Pareil que le vélo, je n’ai pas assez de souvenirs pour faire un CR très précis, mais ça restera la grosse grosse satisfaction de la journée. 
Pas tant durant le parcours, où j'avais l'impression d'être bien mais sans être monstrueux. Mais j'ai réussi à relancer au 2ème tour, et à ne vraiment jamais lâcher.


En fait, à la fin du 1er tour, je me suis retrouvé une motivation externe (Que Heymerick ne me double pas et que j'essaye de terminer le plus près possible de lui possible), plutôt que de rattraper d'autres concurrents (ce qui me pompe pas mal d'énergie mentale à chaque fois, en me disant "c'est trop dur" puis en me remotivant et y arrivant) ; là, c'était invisible, et je l'imaginais revenir sur moi et ne pas me laisser faire. Au passage du 2ème tour, quand il ne m’avait pas repris et que donc lui arrivait (il y avait 3 tours à faire), que donc le premier mini-objectif de ne pas se faire rattraper était réussi, j'ai tendu l'oreille après être passé, et je n'ai pas entendu l'annonce de son arrivée imminente, donc je me suis dit que c'était pas mal, et j'ai appuyé pour essayer de finir à moins de 25', nouvelle source de motivation et mini-objectif.
J’ai doublé régulièrement du monde, mais je n’ai pas essayé de compter mon classement, mon mini challenge avec Heymerick me suffisait comme motivation ;-) !


J’ai quand même repris pas mal de pros, et ils étaient très sympas à m’encourager, même si je ne comprenais pas, je me disais que ça devait être signe que je courais bien.
Vers le 16ème, je me souviens d’un coup de moins bien, que j'ai effacé à coup de 1-2-3-4 pendant quelques minutes, et après hyper concentré. 1-2-3-4, je crois que je l'ai raconté dans un autre CR, c'est le fait de faire le vide dans sa tête et de juste compter ses foulées, pour éviter de laisser d'autres pensées néfastes prendre le dessus, et ça aide à garder le rythme. Oui, il faut être un peu autiste pour le faire, oui...
J'ai regardé la montre au début, mais j'essayais de pas trop m'en faire car parcours très casse patte avec pas mal de montées ou faux plat (dont une belle bosse de 200m où à la reconnaissance la veille je me disais que j'allais peut être marcher), des virages (mais qui se passaient très bien sans trop ralentir), et un passage dans le bois avec un peu de boue (et là où ma montre a perdu le signal GPS).


Donc sur l’allure elle-même, c’est pas monstrueux, le tour faisait environ 6,65km, et je les ai fais en 25’ en moyenne, soit 3m45/km, ou 1h19m20 sur vrai semi. Ma montre déconnant et perdant les GPS sur la fin, je n’ai pas la distance exacte.
Mais vu le parcours et les conditions assez chaudes, j’ai du me verser beaucoup d’eau sur la tête, je pense que c’est un très beau chrono, assez proche des 1h18 visés avant la course.

Je précise que j'avais écrit cela en 2019. Aujourd'hui en 2021, je dirai que 3m45/km sur un half, je signe de suite :-).

Mais surtout, la comparaison par rapport aux autres est très flatteuse. Je fais 11ème temps total, et 9ème parmi les pros, ce que est pas monstrueux, mais quand même dans le premier tiers des pro !
Mais surtout, je ne suis qu’à 4m15 du premier et 40s de Heymerick, même s’il a pu ralentir sur la fin, vu qu’il avait course gagnée, et 40s de Romain Guillaume, que j’ai croisé au massage et qui avait l’air content de sa course à pied et de son chrono (il pensait être 3ème temps à pied à ce moment-là, mais il était 6ème en fait).
Mais je suis dans les temps à pied des 3-4-5ème, qui se sont tirés la bourre pour le podium (moins d’une minute les sépare), donc qui se sont donnés sans doute à fond !
A Salou, j’étais à 9m30 du meilleur chrono à pied, et 6m40 de Heymerick, donc clairement c’était mieux à Grammont !
Au final je finis 26ème à 20m40 du vainqueur Hermerick, alors qu'à Salou j'étais à 22m40 (Heymerick vainqueur aussi). Pas beaucoup mieux, surtout qu'il a ralenti sur la fin, mais j'essaye de ne pas m'auto-flageller, et pour un semi-pro, c'est quand même pas si mal, même si c'est clair qu'au moment de mon passage pro, je m'imaginais lutter pour le top 10 voire prize money à Challenge, mais j'ai l'impression que les start list se sont bien densifiées et améliorées sur Challenge Half ces dernières années. L'année dernière avec le même temps je fais environ 10ème, sur même parcours (mais sans combi l'année dernière). Là chez les pros je suis 22ème sur 31. Pas terrible, mais ce n'est pas ridicule, on ne peut pas dire que je n'avais pas ma place !


Quand même 4 GA sont devant, ça m'était pas arrivé depuis un moment ! C'était quand même Championnat de Belgique, et les belges non pro avaient le droit de demander de partir avec les pro (pour tenter d'empocher prize money), mais ne pouvaient prétendre à gagner leur GA pour le championnat de Belgique. Il y avait sans doute quelques bons GA qui ont préféré rester en GA pour gagner leur groupe d’age ! (dont un qui met une fessée à bon nombre de pro en 4h05 et finit 10ème).
J’ai regardé ensuite ceux qui finissent autour de moi, et certains ont de nombreux départs en ITU world cup, et un GA 5’ derrière moi, Stijn Veldeman, terminait sur le podium de l’Ironman de Vichy l’année où il n’y avait pas de pro.
Bref, je pense être "à ma place", parmi les meilleurs "amateurs" ou moins bons "pro". Je reste convaincu qu'il y a sans doute 2-3' à aller chercher, et sans doute 5-8' en me consacrant encore plus à cela, mais je ne pense pas en être capable.

Désolé, c’était plus une analyse de temps qu’un CR à proprement parler, ça m’apprendra à attendre 2 ans avant d’écrire.
Cette course m’a aidé à mesurer l’écart qui subsistait avec les meilleurs, et me rendre compte qu’il faudrait que je m’investisse encore plus pour essayer de combler l’écart. Etant à 15-16h d’entrainement par semaine, j’avais atteint pas loin du plus haut niveau auquel je pouvais prétendre avec ce volume d’entrainement, en comparaison aux autre pros et amateurs avec qui je dois batailler pour gratter des places.
Cela a contribué à ma décision de prendre du recul en 2020. Je ne me voyais pas m’impliquer encore plus que ce que j’avais fait en 2018 et 2019, pour essayer d’aller encore plus vite.
Après cette année OFF qui m’a fait du bien, je retrouve de la motivation en 2021, mais je ne prétends pas atteindre le même niveau qu’avant. Je m’entraine une dizaine d’heures par semaine, et cela me va très bien, mais j’espère avoir quelques compets d’ici pas trop longtemps pour pouvoir me faire plaisir !

Mais je mesure mieux la difficulté et l'investissement qu'il m'avait fallu mettre pendant des années pour atteindre ce niveau !
 

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